Tchad: Présidentielle tchadienne - En attendant les chiffres provisoires de l'ANGE

Election présidentielle au Tchad (photo d'archives)

Hier lundi 6 mai 2024, les 4,2 millions d'électeurs tchadiens se sont rendus aux urnes pour élire leur nouveau président au terme de trois années de transition. Un intermède politique qui n'aura pas été du tout un long fleuve tranquille. Bien au contraire.

Il fut marqué, entre autres, par l'organisation, sur fond de polémique, du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) dont les principales conclusions ont été, d'une part, la prorogation de la transition assurée par le général Mahamat Idriss Déby, fils du défunt président, le maréchal Idriss Déby Itno, et d'autre part, par l'autorisation accordée à l'intérimaire du pouvoir de se présenter à la présente présidentielle.

L'autre fait marquant de ces trente-six mois de transition fut surtout la répression sanglante de militants de l'opposition et de défenseurs des droits de l'homme le 20 octobre 2022, dont le bilan macabre fait toujours polémique.

La relative sérénité qui a entouré le scrutin d'hier traduit-elle le besoin légitime des Tchadiens d'exorciser les vieux démons de la violence politique au pays de François Tombalbaye ?

En tout cas, selon les premières constations des observateurs électoraux, la journée électorale s'est déroulée dans un certain calme sur presque toute l'étendue du territoire, où ont été ouverts 26 536 bureaux de vote. Nonobstant quelques problèmes de logistique et le retard sur l'heure d'ouverture du scrutin, c'était la satisfaction générale, surtout du côté de l'Agence nationale de gestion des élections (ANGE).

Seule ombre à cette image d'Épinal, pour ne pas dire la tache de sang, c'est la mort d'un homme à Moundou, dans le Sud du pays.

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Alors qu'il s'apprêtait à accomplir son devoir civique, des individus non identifiés ont fait irruption dans le bureau de vote où ils ont ouvert le feu.

A Abéché, dans l'Est, un agent de sécurité a été victime d'une agression à l'arme blanche.

A ces incidents vient s'ajouter la colère d'une plateforme d'organisations d'observation électorale dont les 2 900 membres ont été privés, à la dernière minute, de leurs accréditations par l'ANGE.

Faut-il y voir l'expression de velléités de micmacs électoraux de la part d'une institution dont l'impartialité et l'indépendance sont mises en doute par une partie de l'opinion ? Beaucoup n'en pensent pas moins.

Maintenant que les électeurs ont joué leur partition dans une relative harmonie, la balle, pour ne pas dire les bulletins de vote, est (sont) dans les mains des hommes d'Ahmed Bachiret, président de l'ANGE dont l'annonce des résultats provisoires du premier tour est attendue le 21 mai prochain.

Mais moins que le nom de celui des dix prétendants à la magistrature suprême, dont les plus en vue sont le chef de la transition, Mahamat Idriss Déby, probable vainqueur, et son Premier ministre, Succès Masra, c'est plutôt de quoi sera fait la vie des Tchadiens au cours des cinq années à venir la véritable préoccupation.

Car, ne l'oublions pas, l'espoir suscité par l'exploitation pétrolière, débutée depuis 2003 reste une ligne d'horizon.

En effet, malgré l'engagement de l'Etat, sous Deby père, de consacrer 70% des recettes de l'or noir à la lutte contre la pauvreté et à l'ouverture d'un compte spécial à la Citibank au profit des générations futures (compte qui sera fermé suite à l'adoption d'une nouvelle loi), le Tchad reste l'un des pays les plus misérables de la planète.

Près de 35,4% de la population sont touchés par l'extrême pauvreté et 42,3% de ses habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Dans le classement mondial 2021 de l'Indice de développement humain (IDH), le pays occupait l'avant-dernière place juste devant le Soudan du Sud et derrière le Niger.

C'est dire donc la tâche herculéenne qui attend celui qui présidera aux destinées des dix-huit millions de personnes dans ce pays sahélien dirigé depuis trois décennies par la dynastie Déby. Un clan sous lequel les élections se suivent et se ressemblent : par la victoire du président sortant, quel que soit le bilan de son mandat.

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