Sénégal: Leçons d'un scrutin

26 Mars 2024
analyse

Le dimanche 24 Mars 2024, les citoyens sénégalais sont allés aux urnes pour élire leur président de la république pour un mandat de 5 ans.

C’est vrai que une fois de  plus, le peuple sénégalais, aussi bien l’administration électorale, dont on doutait un peu de sa capacité à relever le défi d’une élection libre et transparente, se sont montrés à la hauteur.

La tenue de cette élection entourée d’incertitudes après un premier report, s’est faite finalement dans le calme et la plus grande transparence, non sans avoir livré ses premières leçons , au-delà du triomphe qui a porté au pouvoir Bassirou Diomaye Faye, inspecteur des impôts et domaines de son état.

A chaud, on a le sentiment que les sénégalais avaient hâte de s’acquitter d’une tâche urgente, pour laquelle rien n’était de trop pour y arriver, et ainsi passer à autre chose. L’atmosphère habituelle qui règne aujourd’hui à Dakar, à la suite des scènes de liesse populaire de la nuit du dimanche, dès l’annonce des premières tendances, en est une parfaite illustration.

Mais, il reste clair que ce scrutin n’a pas révélé tous ses secrets, tant au niveau des écarts constatés entre les candidats, que de la bipolarisation au sommet entre le candidat Amadou Ba de la coalition au pouvoir Benno Bokk Yaakaar, et celui de la coalition Diomaye Président, Bassirou Diomaye Faye. Cette situation de fait crée une sorte de contraction entre le premier et le second tour, qui était l’hypothèse la plus probable au départ.

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L’écart avec les autres candidats est tellement grand, qu’on a l’impression qu’une césure nette de l’électorat, voire du pays, en deux  camps : ceux qui étaient avec le pouvoir en place et qui souhaitent que son candidat poursuive l’aventure, et ceux qui voulaient le changement incarné par l’opposition radicale, notamment la coalition Diomaye Président, dont le noyau dur est composé par le parti dissout « le Pastef ».   Pour bon nombre d’observateurs d’ailleurs, les résultats provisoires qui suivent  avec : Diomaye Faye 57,4%, Amadou BA 31,9%, Khalifa Sall 3,8%, Aliou Mamadou Dia 2,5, Aly Ngouille Ndiaye 1,2% et enfin 1% pour Idrissa Seck, prennent les allures d’un Référendum, sans occulter ses effets collatéraux.

De ce point de vue, la conséquence politique quasi immédiate est que le sort de bon nombre de leaders politiques est définitivement scellé, par le renouvellement irrémédiable du personnel politique.

Néanmoins, l’impératif d’une plus grande visibilité dans l’espace politique devra être le premier chantier sur la voie du changement et du renouveau démocratique. Trois cent partis dans un pays de 17 voire 18 millions de sénégalais, c’est à la limite une incongruité, d’autant plus que la plupart  d’entre eux n’arrivent à satisfaire à leurs obligations légales et réglementaires, telles que prévues par les textes. Il y va de la crédibilité du système démocratique.

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