Tunisie: L'entreprise autrement | Tourisme, Bizerte mérite mieux

Après avoir soulevé le cas de Kairouan et de sa région, nous entamons aujourd'hui, comme promis, l'examen du cas, « Bizerte et sa région » (Voir notre chronique du 24-01-2024 : « Tourisme et régions : Haut potentiel, faible rentabilité » et suivantes)

Oui, haut potentiel mais faible rentabilité. C'est ce que l'on pourrait dire à propos de certaines de nos régions, y compris celle de Bizerte en ce qui concerne l'un des secteurs stratégiques les plus importants du pays, le tourisme. La cause, plusieurs défaillances y compris celles résultant de politiques publiques peu efficaces.

Disons, d'emblée, et comme le titre de notre contribution l'indique, que le problème majeur dans toutes les régions sous-exploitées et même parfois à l'échelle nationale réside dans l'absence ou la faiblesse du produit touristique, par ricochet, de la faiblesse de la pertinence de toute action à caractère mercatique (de marketing). Notons, ici, que l'on ne pourrait pas parler de stratégie marketing lorsque le produit n'existe pas ou quand il est faible et mal défini.

C'est comme si l'on exporte du diamant brut sans aucune valeur ajoutée. Un minerai qui nécessite une seconde chaîne de valeur comprenant, traitement, taille, incrustation et mise en valeur pour vente avec des labels et des marques prestigieuses et un travail de promotion de communication qui réussira à multiplier plusieurs fois la valeur ajoutée du produit fini.

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Ces régions sont alors visitées en moins d'une journée, donc à faible capacité de séjour et ne génèrent que très peu de rentrées d'argent, ce qui est contradictoire avec la définition classique du tourisme qui nécessite que le touriste séjourne au moins une nuitée et dépense une certaine somme au profit de l'économie locale.

De cette situation aberrante lesdites régions continueront de souffrir tant que des plans, programmes et autres mesures ne sont pas conçus et mis en oeuvre le plus tôt possible. La question est heureusement soulevée depuis plusieurs années, soit dans le cadre de la réflexion autour de la situation et le devenir dudit secteur, d'une façon générale, soit pour chaque région concernée.

La réflexion est organisée autour du sujet par les autorités mais aussi par la société civile qui ne manquent pas d'y inviter toutes les parties concernées ou presque. Les médias quant à eux traitent régulièrement le problème et font généralement parler des responsables, des professionnels, des citoyens et des spécialistes ou bien publient des commentaires de la plume ou de la voix de confrères spécialisés.

Par ailleurs, professionnels et spécialistes prennent parfois l'initiative et publient des articles de fond sur la question. Une masse importante d'idées et de propositions est donc déjà disponible. Il s'agit de passer plus rapidement à l'action et essayer d'enrayer ce cercle vicieux, manque à gagner, faiblesse des investissements.

C'est ce qui a eu lieu le 13 décembre dernier, à Bizerte sur initiative de l'Association tunisienne du développement touristique (Atdt, Les anciens du Tourisme) avec le soutien l'Association travail et développement de Bizerte et l'unité hôtelière de feu Afif Kchouk.

Une table ronde, animée par Lotfi Khayat, président de l'Atd, avec pour thème « le Tourisme à Bizerte, conjoncture et perspectives » et enrichie par l'apport des participants, dont Mahjoub Guerfali, l'un des piliers de ladite association et l'une des plus éminentes références du domaine et de la région et l'apport de feu Afif Kchouk (voir compte-rendu de notre confrère Mohsen Zribi : « La Presse » du 24-12-2023)

Mais nous ne pouvons pas continuer sans prendre le soin de rendre un vibrant hommage posthume à un grand professionnel du Tourisme fils de la région, Feu Afif Kchouk Allah yarhmou, qui nous a subitement quittés, le 27 mars dernier, alors qu'il était plein d'énergie, malgré sa maladie, d'espoir et d'idées qui n'auront pas manqué de donner leurs fruits.

Ancien de l'Office national du tourisme tunisien (Ontt), le défunt était l'un des pionniers de la presse touristique et promoteur de plusieurs autres actions et réalisations-phares. Il a été, en effet, directeur-fondateur du magazine « Tourisme Info » (1980) et membre du bureau exécutif de la Fédération tunisienne des directeurs de journaux, chargé de la presse spécialisée.Il a été également fondateur et commissaire général du Maché International du Tourisme (MIT) une grande manifestation d'envergure avec salon professionnel et rencontres, etc. Il a été aussi promoteur d'une grande et belle unité hôtelière à Bizerte, président-fondateur de l'Observatoire du Tourisme (O.T, 2017) et de l'Union nationale de l'industrie hôtelière (Unih, 2018). Ce jour-là et après une intéressante discussion avec lui et juste avant de nous dire à nous deux au revoir, nous avons eu, lui et moi, une pensée émue pour notre ancien confrère et ami Chokri Gharbi, décédé il y a plus de deux ans et qui était l'un des piliers de la Rédaction de « Tourisme infos » pendant de longues années, avant de rejoindre « La Presse ». L'oreille du destin nous écoutait, Allah est le plus Grand. Allah yarhamhom. (A suivre)

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