Washington, DC — Les attaques terroristes contre New York et Washington ont fait coulé beaucoup d'encre en Afrique du nord. Dans un article intitulé "Terreur sur l'Amérique, stupeur dans le monde", le Quotidien Libération, l'un des principaux titres au Maroc, a écrit:
"Image dapocalypse hier au centre de lIle de Manhattan. Le coeur de la finance et du commerce de New York et du monde a été rayé de la carte par deux explosions."
Libération a aussi rapporté sur les autres sites ciblés par les terroristes mardi aux Etats-unis:
"A Washington, les mêmes scènes de panique ont été observées, après lexplosion dun avion qui sest écrasé sur le Pentagone, tandis quun incendie sest déclaré dans un bâtiment officiel près de la Maison Blanche."
Mais c'est dans son editorial que le titre marocain a traité de l'effet psychologique des attaques sur les américains:
"Incroyable," écrit Libération, "Pourtant, on est bien obligé de croire les images de feu et de ruines qui se succèdent sur les écrans. Les Etats-Unis dAmérique frappés à la tête et au coeur. Dans le pire scénario du cinéma américain, qui en fait pourtant des tonnes dans le genre, jamais fiction navait imaginé pareille catastrophe."
Libération explique aussi que le sentiment de sécurité dont jouissaient les américains avant ces attaques, ne sera plus jamais le même:
"les Américains qui se croyaient invulnérables se sont retrouvés brutalement à la merci de la terreur. Comme partout dans ces parties du monde quils regardaient de loin, et de très haut. Les services américains supposés des plus efficaces nont rien vu venir. Emotion, bien sûr, compassion et solidarité avec le peuple américain. Cest le sentiment naturel. Cest le seul dailleurs concevable en pareil cas. Tout comme la condamnation sans équivoque de cet acte de terrorisme. Puis vient le temps des questions. Qui? Pourquoi? Comment?"
Le quotidien nous averti de ne pas sauter aux conclusions et critique sévèrement "la stupidité criminelle" de ces médias qui accusent dores et déjà les Arabes et les musulmans:
"Ainsi ces images de quelques gamins dans les camps de réfugiés censées dire: regardez, ils sont heureux, cest donc eux! Ou encore ces revendications plus que fantaisistes censées émaner de tel ou tel sigle ou groupuscule à consonance arabe."
Et pour finir, Libération nous dit que le message, délivré par les attaques contres les cibles américaines, est passé clair et net:
"désormais aucun pays nest à labri du cauchemar que viennent de vivre les USA."
En Algérie, un pays qui mène son propre combat contre le terrorisme depuis dix ans, le quotidien La Tribune a consacré plusieurs articles aux attaques contre New York et Washington. L'un des ces articles, intitulé Apocalypse, revient sur le film des événements et critique implicitement ceux qui essaient d'imputer la responsabilité prématurément au Moyen Orient.
Dans un autre article intitulé "Les Palestiniens, deuxième victime des attentats anti-américains?", La Tribune revient sur les attaques à la bombe contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998 et les enseignements que, selon le quotidien, n'en ont jamais été tirés:
"A l'instar des attentats perpétrés au Kenya et en Tanzanie en 1998 ou de l'explosion d'Oklahoma City en 1995, les premiers commentaires ont instantanément fait le lien avec la situation de guerre au Proche Orient. Or, bien qu'il s'est avéré que l'attentat meurtrier d'Oklahoma City n'vait rien à voir avec la piste proche orientale et que les 'ennemis' des Etats-unis sont aussi nombreux que divers, les réflexes sont restés les mêmes au point que nul ne semble accorder une quelconque attention aux autres pistes possibles"
Citant un expert Français sur la "complexité" des opérations contre New York, La Tribune nous offre sa propre interprétation des faits:
"Sachant qu'un grand nombre d'attentats suicide perpétrés par les islamistes palestiniens s'achèvent sur la mort du seul kamikaze, est-il réaliste de continuer à favoriser cette piste? "
En Egypt, la plus grande puissance de la région, le quotidien semi-gouvernemental Al-Ahram, version online, se limite aux faits sans s'engager dans des analyses. Le journal égyptien s'attarde longuement sur les réactions du président Hosni Moubarak qui a envoyé un message de condoléance au président George Bush condamnant aussi le terrorisme. Selon Al-Ahram, répondant à une question sur les implications en Moyen Orient des attaques contre les Etats-unis, Moubarak a affirmé que:
"Je ne peux commenter maintenant. Les Etats-unis font face à un problème actuellement. C'est une catastrophe. Le terrorisme est partout dans le monde. Quand le calme sera revenu aux Etats-unis, nous parleront de ce qui s'est passé."