Dakar — C'est hier, en fin de journée, que nous avons appris la nouvelle : le décès d'Adjaratou Ndèye Coumba Mbengue Diakhaté. C'est un avis de décès de l'Association des Ecrivains du Sénégal qui nous a informé de la terrible nouvelle. Elle a tiré sa révérence hier. Les amateurs des belles Lettres la connaissaient tout simplement sous le nom de Ndèye Coumba Mbengue Diakhaté. C'est le nom avec lequel elle avait signé son unique recueil de poèmes, " Filles du Soleil ", paru aux Nouvelles Editions Africaines, en 1980 et préfacé par Amadou Samb. Née à Rufisque, Ndèye Coumba Mbengue Diakhaté a été l'une des premières institutrices formées à l'Ecole Normale de Rufisque. Elle a été très active au sein de l'Association pour l'Action sociale des femmes de Rufisque. Elle a aussi été directrice de Foyer socio-culturel.
Cet intérêt porté à la famille traverse son recueil. Dans les 26 poèmes de " Filles du Soleil ", il est beaucoup question de la condition sociale de la femme. D'où le titre du recueil. L'illustration la plus parfaite est quand le frère (ou le fils) dit à la sour ou la maman : " Jiguen rek nga !" (tu n'es qu'une femme après tout !). Ces textes dénotent une sensibilité poétique. Ce n'était pas tout, car tous les éléments de son environnement immédiat pouvaient inspirer la poétesse. Par exemple la dignité noire avec le martyre de quelques frères de la diaspora : " Ils étaient Blancs, j'étais Noire. " Pour traduire, en quelques vers, la douleur d'être homme de couleur dans certaines circonstances où les haines de la race ont raison de. la raison. D'ailleurs, l'Afrique, écrivait-elle, était " (son) cour et lumière du monde ". Et la femme était, plus dans son ouvre qu'ailleurs, mère de l'univers : " Si seulement toutes les femmes le voulaient bien, il naîtrait au vieux monde un cour neuf, plein d'amour et de vie, impulsant sans arrêt du bonheur à foison".