Tout a commencé en mai dernier. Claude Granchamp, un Suisse de 66 ans habitait à Maârif, tout près d'une mosquée, et juste en face d'un garage délaissé qui servait de refuge pour les clochards et les enfants de la rue.
Ce jour de mai, était un jour de fête pour les Marocains, c'était Aid Maoulid Nabaoui, cela faisait deux nuits qu'un même gamin (Youssef, 13 ans) venait se réfugier dans le garage en face de chez Claude; bien organisé avec son bout de carton et une couverture tout usée, il y passait la nuit, et disparaissait tôt le matin. Claude l'a remarqué, l'observait, mais n'a pas tout de suite décidé de réagir. «Ce n'est que le troisième jour que j'ai décidé que ce gamin ne dorme plus dans la rue, se souvient Claude; ce troisième jour était justement celui de l'Aid El Maoulid, je voyais les gens se précipiter depuis la première heure vers la mosquée pour la prière de l'Aid, ils passaient tous à côté de l'enfant; j'ai pensé que quelqu'un allait réagir et essayer de l'aider, surtout en un jour comme celui-ci, mais rien...même après la fin de la prière, ils sont tous sortis de la mosquée, repassés près du gamin sans même jeter un regard en sa direction... ça m'a révolté».
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