Depuis vingt ans qu'elle dure, la crise casamançaise a fait des milliers de morts. Beaucoup de ceux qui la vivent aujourd'hui sont aussi morts quelque part. Dans leur dignité. Tués par la pauvreté.
Le drame qui suit rappelle une région meurtrie par une rébellion armée qui y dure depuis plus de vingt ans. «C'est une jeune femme de 27 ans qui habitait le village de Saint-Louis Mancagne, situé à une dizaine de kilomètres de Ziguinchor, qu'elle a dû quitter avec ses parents en décembre 1999. Au village, en dehors de la collecte de noix d'anacarde qu'elle vendait, elle s'adonnait au commerce du jus du même produit pour entretenir ses vieux parents, de même que ses frères et soeurs, sa fille et ses neveux. Une famille d'une dizaine de personnes. Elle faisait fréquemment le trajet Ziguinchor-Kolda pour vendre le jus d'anacarde, ce qui lui rapportait en moyenne 180 000 F par mois depuis 1996. Le 14 décembre 1999, elle marcha sur une mine qui lui a fait perdre une jambe. C'était en voulant se rendre à la cueillette de citron à côté du village que cela lui est arrivé. Depuis lors, elle est venue s'installer à Ziguinchor avec sa famille dans une maison où vivent actuellement trois ménages».
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