Algérie: Les défis de l'Algérie: l'emploi et la relance économique

23 Septembre 2002
opinion

A l'abord du dernier trimestre de l'année 2002, l'économie algérienne continue de cultiver les paradoxes. Cette situation difficile pour les nombreux demandeurs d'emploi ainsi que pour les entrepreneurs qui ont déjà lourdement investi dans le secteur productif ou qui s'apprêtent à le faire doit être examinée profondément et des solutions réalistes et fécondes doivent être mises en oeuvre

En effet, depuis avril 1994 et l'accord avec le FMI et la Banque mondiale pour le rééchelonnement de la dette et la mise en oeuvre de l'ajustement structurel, le gouvernement algérien a appliqué à la lettre et dans le calendrier imparti toutes les mesures et solutions préconisées, voire imposées, par ces deux institutions. Dans certains domaines, comme le désarmement tarifaire, il a été au-delà de ce qui pourrait être exigé d'un pays candidat à l'accord de libre-échange avec l'Union européenne et à l'OMC.Sur le plan macroéconomique, malgré ou grâce à l'évolution de la conjoncture des prix des hydrocarbures, les grands équilibres sont rétablis, la dette extérieure est passée de 33,65 milliards de dollars en 1996 à moins de 22 milliards en 2002, le ratio du service de la dette sur les exportations est inférieur au seuil fatidique de 25% en 2001 et il est amené à s'améliorer, le commerce extérieur est largement excédentaire depuis 1996 et les réserves en devises dépasseraient les 22 milliards de dollars à la fin 2002, soit plus de deux années d'importation.L'inflation est jugulée malgré quelques soubresauts en 2001. Cependant, la croissance est faible, surtout au niveau des secteurs productifs, le chômage reste très élevé et touche toutes les couches de la population. La structure de l'emploi se présente à fin 2001 comme suit : (Voir tableau 1)La création d'emplois, qui avait atteint une moyenne annuelle de 140 000 postes de travail avant 1986 s'est effondrée pour atteindre un taux moyen de 50 000 emplois en 1995. Seules l'administration (+ 3% par an) et l'agriculture (+ 0,6% par an en moyenne) ont continué à créer de l'emploi au cours de cette période. A l'issue de l'ajustement structurel, on note un net regain de la création d'emplois puisque 555 000 emplois ont été créés entre les années 1997 et 2000, soit une offre moyenne de 185 000 emplois par an alors que la population s'accroît annuellement de 263 000 nouveaux demandeurs d'emplois. Nous avons ainsi plus de 70 000 chômeurs supplémentaires par an et ce, malgré le remarquable effort de création d'emplois. Ces chiffres peuvent aussi être reconsidérés puisqu'une étude menée par la Banque mondiale estime l'emploi informel à 1 400 000 et que le ministère de l'Agriculture évalue l'emploi dans l'agriculture à 2 400 000 de personnes (rapport CNES juin 2002). Le BTP ne représente que 10% de la totalité de l'emploi, ce qui démontre l'intensité de l'emploi informel dans ce secteur plutôt qu'une faiblesse de l'activité. Il en est de même du secteur des services, qui, avec 32% de l'emploi, est en deçà de son poids réel dans le PIB. L'emploi informel est probablement plus élevé, compte tenu des contraintes en matière de cotisations sociales et de fiscalité que subissent les entrepreneurs et particulièrement la PME ou l'entreprise familiale et aussi et surtout en raison du marché du travail beaucoup plus dominé par le fort excédent de la demande. La situation de l'emploi reste donc très pénible pour de larges couches de la population et ce, d'autant plus que près de 70% des sans-emploi sont âgés de moins de trente ans. La structure des exportations algériennes nous dévoile la prédominance constante du secteur des hydrocarbures. En effet, près de 97% des recettes d'exportations sont réalisées grâce à la commercialisation du pétrole brut, du gaz naturel et de produits pétroliers divers. Il est vain de croire que cette tendance lourde pourrait être réduite en quelques années, comme il serait absurde de diaboliser le pétrole et l'industrie des hydrocarbures en général. Il y a là une ressource naturelle autour de laquelle se sont construits patiemment toute une infrastructure de recherche, de production, de transport, de transformation et de commercialisation ainsi qu'un formidable programme de formation et de mise au travail de gestionnaires d'ingénieurs et techniciens et d'ouvriers hautement qualifiés. Les partenaires commerciaux de l'Algérie savent estimer les apports de ce secteur à sa juste valeur et mettent en place dans leurs stratégies commerciales avec l'Algérie toutes les tactiques leur permettant de récupérer leur part de cette rente en laissant sur le plan interne le minimum d'investissements pouvant concurrencer à terme leurs exportations.Malheureusement, cette situation met en danger permanent l'équilibre économique et social de notre pays pour les raisons bien connues : les transactions dans ce domaine sont réalisées principalement par rapport à une seule monnaie, à savoir le dollar, les recettes d'exportation des hydrocarbures, et par conséquent notre économie, peuvent subir à tout moment toute fluctuation à la baisse ou à la hausse des prix du pétrole ou de la valeur du dollar.

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