La destruction, le mardi 1er juin dernier de la vieille mosquée contrôlée par Kaba Souané à Dianna Bah par des individus proches du riche marabout Cheikh Alioune Souane, est un épisode d'un feuilleton vieux de cinquante-trois ans.
Tous s'accordent, en effet, dans le village, sur l'origine lointaine (à la période coloniale) du conflit qui déchire les populations. Au centre de la mésentente se trouve l'imamat. Mais, d'une famille à une autre, la version est différente. Selon le vénéré Cheikh Ibrahima Souané, guide du camp opposé au vénéré Cheikh Alioune Souané, toutes les deux familles ont le même aïeul, Boubacar Sidik Souané. L'imam était de tout temps l'érudit le plus âgé. Ainsi, tantôt c'est telle famille qui en héritait, tantôt telle autre. Arrive 1951. La famille du vénéré Cheikh Ibrahim Souané doit hériter de l'imamat. Elle se heurte au refus de la famille de Cheikh Alioune Souané. Des bagarres éclatent en 1952 à l'intérieur même de la vieille mosquée. Alors lieu de culte commun aux deux familles, elle est détruite. Le commandant de cercle tranche en faveur de la famille de Cheikh Ibrahima Souané. La rupture était consommée. Car les auteurs des troubles sont emprisonnés. La vieille mosquée est boycottée par les parents de Cheikh Alioune Souané.
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