Accusées d'infanticide, elles ont échoué à la barre des assises. Sans l'auteur de leur grossesse. Trahies par un homme, rejetées souvent par la famille, indexées par la société, la loi, au bout du chemin, leur tombe dessus dans toute sa rigueur. Les affaires d'infanticides, enrôlées aux assises de Dakar ces derniers jours, sont autant d'histoires de femmes, autant de drames, autant de vies en lambeaux.
Dans notre société, ces femmes à la barre des assises ont fait la pire des choses : tuer un bébé, un innocent qui, en fait, n'a pas demandé à naître. Dans un pays fortement marqué par la religion, elles ont transgressé la morale religieuse. Elles ont fait un enfant hors mariage et s'en sont débarrassées. À part leurs avocats, peu de personnes se sentent concernées par leur sort. Le Sénégal ne veut pas entendre leur cri de désespoir. Leur aventure ne cadre pas avec ce qu'on attend d'une femme. Leur parcours heurté dans la vie n'intéresse guère que les gazettes dont les chroniqueurs n'hésitent pas à les peindre comme des mères indignes.
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