Après mai 68 et les effets désastreux de déréglements économiques de la fin des années 1970, le champs était devenu favorable. Le phénomène de la religion comme «refuge» n'épargnera pas l'université sénégalaise. Un sociologue a tenté une analyse de cette évolution.
Le calme est revenu sur le campus universitaire de l'Ucad. Les germes d'un conflit religieux semblent ainsi avoir été tué dans l'oeuf. Mais les échauffourés de la semaine dernière entre «fondamentalistes»musulmans et étudiants mourides montre que les antagonismes ne sont pas seulement politiques dans l'espace universitaire. Depuis une trentaine d'années, le fait religieux est une donnée de ce milieu. Et son évolution n'a pas été insensible aux tendances générales qui marquent l'époque. C'est à partir du milieu des années 1970, qu'on observe une percée des mouvements religieux à l'université, constate le sociologue Alfred Inis Ndiaye, enseignant à l'université Gaston Berger de Saint Louis. Percée timide au départ, mais bientôt symbolisée par la construction d'une mosquée à la Cité universitaire de Dakar en 1986. Dans une étude intitulé «Le mouvement associatif religieux en milieu étudiant : significations et enjeux», M Ndiaye note que pendant une longue période, le campus universitaire est resté allergique au religieux. Cette situation, explique-t-il, était liée au fait qu'à l'époque «l'idée dominante est que l'étudiant sénégalais serait plutôt opposant, très souvent influencé par les idéologies de contestation politique et sociale ou par les idéologies révolutionnaires». L'impact de ces idéologies sur le mouvement étudiant expliquerait, dans une certaine mesure, l'allergie du campus universitaire au religieux pendant une longue période (1955-1970).
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