Grand marché sous-régional, Diaobé n'en a pas moins souffert de la pénurie de semences d'arachides qui sévit dans le pays. Une situation qui touche même les autres maillons de la filière.
Mercredi 9 juin, 18 h. Le marché hebdomadaire de Diaobé, niché dans le Fouladou, à plus de 500 km au sud de Dakar, vit ses dernières heures. Aux cris des apprentis, hantés par le désir de remplir leurs cars de transport pour se lancer sur les chemins du retour, viennent s'ajouter les appels incessants des commerçants au «bazar». Tout indique que les opérations commerciales et autres trocs tirent à leur fin. Diaobé, haut lieu d'échanges commerciaux de produits de toutes sortes, est régulièrement approvisionné par la Guinée-Conakry, la Guinée-Bissau, le Mali, la Gambie, et le Sénégal avec ses régions du Sud. Ce marché est également réputé pour sa capacité d'approvisionnement en semences d'arachides de qualité, du reste très recherchées en ce début d'hivernage. Mais pour cette fois, Diaobé n'a pas répondu aux attentes de la plupart des commerçants venus chercher les bonnes graines. Ces spéculateursqui, d'habitude, tiennent la vedette à pareil moment, éprouvent des difficultés à satisfaire la très forte demande. Bref, des graines, on n'en voit pas du tout, comme le signale Moustapha Barry, gérant d'un magasin au marché de Diaobé «Faites le tour des magasins! Très peu de commerçants vous proposeront des semences». Pour ce commerçant, qui sait de quoi il parle, l'approche de l'hivernage fait que la demande est pratiquement insupportable. Et pourtant, fait-il remarquer, ce n'est pas parce que les fournisseurs du Koundara (Ndlr: une localité de la Guinée-Bissau) ont raté leur rendez-vous. Ces derniers, en effet, se distinguent par leur capacité d'approvisionner jusqu'à 20 t les magasins en grosses graines de semences dites «fourrées» si prisées par les Sénégalais pour leur bonne qualité. «Il est difficile de trouver du "fourrée" qui, d'habitude, est revendu aux commerçants à cette période entre 300 et 375 F Cfa le kg» Pour Amar Diop, convoyeur d'arachides venu de Touba, cette pénurie de semences tombe au moment où près de 50 t lui ont été commandées. «Comme les commerçants, on va rentrer les mains vides », déclare tout penaud l'agent d'affaires.
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