Kinshasa — On sait que plus d'une voix autorisée a déjà posé l'épineux problème de l'introduction effective de notre littérature - orale et écrite - à deux niveaux importants de notre enseignement : le secondaire et le supérieur. Mais, ce voeu tant de fois répété s'est souvent buté à une réaction tranchante que voici : notre littérature manque des oeuvres de valeur ; la plupart de nos écrivains écrivent mal du fait qu'ils ne maîtrisent pas souvent l'instrument linguistique qu'est la langue française ; de plus, ils ne maîtrisent pas suffisamment les techniques appropriées des genres littéraires (poésie, prose, théâtre) ; bref, leurs écrits ne touchent pas notre profonde sensibilité. Ce jugement assez sévère et parfois objectif s'est justifié à un moment donné. A l'heure qu'il est, il semble bien que les choses ont évolué autrement. Et ce jugement d'autrefois mérite d'être nuancé.
En effet, très peu connue, très moins lue en Rd-Congo même, son berceau, notre littérature dès les années 1970 n'a cessé d'acquérir des titres de noblesse et ses lettres de créance en dehors de nos frontières nationales. En témoignent les nombreux prix littéraires que certains de nos écrivains ont remportés : Entre les eaux, premier roman de V.Y. Mudimbe paru en 1973, a décroché deux ans plus tard - en 1975 - le Grand prix catholique international de littérature ; La gangue et Un voyage comme tant d'autres de Maliga Kintende ont été primés en 1977 et 1981 au concours de la meilleure nouvelle de langue française organisée par Radio France International ; Cannibale, roman de Bolya Baenge a été couronné en 1986 - année de sa sortie - par le Grand prix littéraire de l'Afrique noire octroyé à Paris par l'Association des Ecrivains de France et d'Outre-mer, etc.
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