Congo-Kinshasa: La Monuc en procès avec les «moniques»

billet

Kinshasa — Confidences de chauffeur de ministre

De nouveau la fronde. De nouveau la torpeur trompeuse, électrisée. La fronde, à travers le pays, des femmes ... moniques (féminin de Monuc : « moniques »).

Il s'agit d'un mouvement de protestation qui déferle depuis Kisangani-Boyoma­Singa-Mwambe de la part des filles-mères, ex-compagnes des soldats de la Mission des Nations Unies au Congo (Monuc). Avec les premières vagues de départs de ces soldats, bon nombre de ces ex-compagnes «moniques » se retrouvent sur le carreau, avec sur les bras une nombreuse progéniture plus ou moins inattendue, frappée à l'emblème de la Mission des Nations Unies en RDC.

La présidente en personne de cette ONG de protection des « « Maniques », entraîneuse de son état dans une boîte de nuit montée par un officier Monuc en pleine commune Tshopo, a organisé récemment un sit-in devant le quartier général de la Monuc à Kisangani. Elle a lancé un appel pathétique à toutes ses compagnes d'infortune à travers le pays pour amplifier le mouvement de revendication, pour réclamer à l'ONU des dommages et intérêts en leur faveur et des allocations pour les enfants dits « naturels », fruits du repos des guerriers et de la paix des vierges. La présidente « monique» est allée loin puisqu'elle a adressé une pétition aux plus hautes autorités du pays et de la communauté internationale, menaçant d'en appeler à la Cour internationale de la Haye. Griefs : crimes contre l'humanité féminine, tortures faites à la femme, non-assistance à filles-mères en danger et goujaterie...

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Le cas même de cette présidente « Monique » est dramatique, puisque fille-mère par ses rapports intimes et, pour ainsi dire, simultanés avec un soldat probablement marocain, et un officier probablement uruguayen. Elle porte la grossesse avancée d'un soudard probablement sénégalais, à moins que ce ne soit d'un caporal probablement sri-lankais ...

Mais l'affaire a vite pris les allures d'une affaire d'Etat, au point qu'elle est parvenue aux oreilles du Patriarche-premier. Mais ce dernier n'a pas daigné s'en occuper ; il est vrai qu'en ce moment, il est à la poursuite de plusieurs chats fantômes à fouetter à la fois (Gombe-La-Bagdad, Kahemba, Moba, Ilunga ­Kasongo, Bundu Dia Kongo...). Le Patriarche a donc, selon la tradition, passé la patate chaude à son porte-parole qui, lui, l'a habilement déviée de justesse vers mon patron, le Ministre en personne des Affaires stratégiques (à prononcer tout bas, sur le ton du secret...).

Première mesure du Ministre : convoquer les plaignantes et les écouter de vive voix. Une délégation « monique» a donc été reçue au cabinet ministériel.

Ce matin-là, au ministère, nous avons tous été littéralement frappés par le défilé de mode de ces « ex» des guerriers de la Monuc : pantalons tellement « taille­basse » et serrés qu'ils découvraient de bonnes paires de postérieurs libérés par des strings criards et impertinents ; des « mini-body» tellement courts qu'ils laissaient à l'air libre des nombrils charnus et tatoués qui vous « bipaient », comme disent les Kinois, avec des tintements de boucles accrochées ; des cheveux postiches tellement sophistiqués et bariolés qu'ils faisaient ressembler ces jeunes filles-mères à des mamiwatas folles. Toutes défilaient dans la cour du ministère avec une telle outrecuidance que cela a failli créer une véritable émeute des badauds mâles présents...

D'après les indiscrétions du service de protocole ministériel, l'audience avec mon patron de Ministre s'est déroulée de façon plutôt houleuse. En plus de revendications à caractère plus ou moins syndical de leur mouvement plus ou moins néo-féministe, et à caractère plus ou moins social en faveur de leurs enfants précocement orphelins de pères, ces déléguées « moniques» réclamaient des titres de voyage et des frais de mission conséquents afin, disaient-elles, d'aller dépister, chacune de son côté, à travers le monde, les traces des concubins indélicats et fugueurs.

Seulement voilà : le Ministre leur a exigé sur place la liste des noms, prénoms, numéros matricule, grades, fonctions, corps d'affectation, villes et pays d'origine des fameux concubins Monuc. Aucune « monique » ne se souvenait plus de rien. Et la palabre se termina en queue de boudin.

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