Sénégal: Le sens de la responsabilité

27 Février 2008

Comme pour ne pas changer, voilà encore la Fédération sénégalaise de football à la croisée des chemins. Après la déconvenue du Ghana et le retour prématuré des « Lions », on pensait que chaque segment ou centre de décision de notre football allait faire son autocritique, mettre les doigts sur les manquements pour leur trouver des solutions et avancer. L'entraîneur principal, Kasperczak, a jeté l'éponge et quitté la monture au milieu du gué, laissant ses troupes orphelines d'un chef alors qu'il restait une bataille à livrer. Il aurait dû la livrer et tomber les armes à la main au lieu de prendre ses responsabilités...et de fuir.

En revanche, il est étonnant de voir la fédération dégager en touche sa part de responsabilité et mettre tout l'échec sur le dos des joueurs et des techniciens. Les joueurs sont certes coupables d'avoir manqué de solidarité sur le terrain comme certains d'entre eux l'ont reconnu, de n'avoir pas été efficaces, c'est-à-dire de n'avoir pas su tuer le match contre la Tunisie alors qu'ils en avaient eu l'occasion, d'avoir totalement raté leur seconde mi-temps contre l'Angola, etc. Malgré cela, la fédération ne peut dire qu'elle n'est responsable de rien du tout. C'est inélégant de sa part de dire que tout est de la faute des autres. Quand le Togo a tenu les « Lions » en échec (2-2) et les a éliminés de la coupe du monde 2006, l e président de la fédération d'alors avait remis son tablier. Il avait tiré les leçons d'un échec cuisant pour le Sénégal et pris la responsabilité de se démettre. Même le ministre Youssou Ndiaye qui faisait alors un bon travail, a été emporté par cette contre performance. Maintenant, au-delà de la grandeur d'âme, du sens de la responsabilité et de l'éthique , il y a ceux qui ont les moyens de démissionner parce qu'ils se sont faits sans le football et resteront ce qu'ils sont sans le football. Ce sont les vrais serviteurs du football et du sport. D'autres vont s'accrocher à des postes becs et ongles parce qu'avant, ils n'avaient rien ; avec le football ils se sont enrichis sans cause et après le football, leur avenir est bouché. Ceux-là vont s'arc-bouter sur leurs postes, prôner la solidarité de l'équipe fédérale et mener le combat du statu quo en essayant d'opposer l'Etat et la FIFA. Qu'on ne s'y trompe pas, la grande majorité des gens qui sont au niveau du comité directeur et du bureau de la fédération, sont compétents, patriotes, engagés pour la cause du football. On les connaît depuis 10, 20 voire 30 ans, l'Etat peut leur faire confiance comme en d'autres Sénégalais capables aussi de bien ou de mieux gérer le football de ce pays. De même, l'Etat a fini d'identifier ceux en qui il n'a plus du tout confiance et auxquels il ne souhaite plus confier des centaines de millions voir des milliards de francs à gérer. Il y a ceux qui n'ont pas été pris, il y a ceux qui nonobstant la présomption d'innocence, ont été pris et ont plus tard bénéficié d'un non lieu. Ceux-là prennent notre football en otage, car, tant qu'ils seront aux avant postes fédéraux, l'Etat va hésiter ou refuser de mettre les moyens dans le football. C'est que la confiance ne s'acquiert ni par un arrêté, ni par un décret, ni par une quelconque décision de justice.

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