Interview avec M. Thomas Hurley, directeur du développement humain à la Bad: "Les pays en développement pauvres sont les plus vulnérables"

4 Avril 2008
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

La BAD intensifiera l'assistance fournie à ses pays membres régionaux pour faire face aux menaces posées par le changement climatique. Pour ce faire, elle renforcera les caractéristiques principales de leurs systèmes de santé publique telles que la lutte contre les maladies tropicales négligées, les soins de santé primaires (y compris l'eau saine, l'environnement et l'assainissement) et l'amélioration du bien-être des femmes et des groupes vulnérables, explique le directeur du développement humain à la Bad, M. Thomas Hurley, dans une interview à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la santé.

Quels sont les objectifs de la Journée mondiale de la santé 2008?

L'OMS a choisi le thème de la journée mondiale de la santé de cette année en reconnaissance du fait que le changement climatique menace de plus en plus la sécurité de la santé publique mondiale, et afin de placer la santé au centre du dialogue sur le changement climatique. L'objectif est de galvaniser et catalyser la participation du public à la campagne mondiale de protection de la santé face aux effets négatifs du changement climatique. C'est une occasion, pour les agences internationales, les organisations non gouvernementales et les gouvernements, de sensibiliser le grand public et de lui faire comprendre les conséquences sanitaires mondiales et locales du changement climatique;  et d'intensifier les campagnes de plaidoyer qui imposeront la création de partenariats interdisciplinaires et intersectoriels entre les gouvernements, au sein de la communauté internationale, de la société civile et entre particuliers en vue de prendre des mesures efficaces pour réduire l'impact du changement climatique sur la santé.

Quels sont les effets majeurs du changement climatique sur la santé?

Le changement climatique fait référence à une augmentation des températures mondiales moyennes. On croit savoir que des événements naturels, ainsi que les activités humaines contribuent à une augmentation des températures mondiales moyennes. Les variations et les changements des conditions climatiques causent la mort et la maladie par le biais de catastrophes naturelles telles que les vagues de chaleur, les inondations et les sécheresses. En outre, de nombreuses maladies importantes sont très sensibles aux variations de températures et de précipitations.

Néanmoins, les effets du changement climatique sur la santé humaine ne sont pas repartis de façon uniforme à travers le monde. Les pays en développement pauvres, notamment dans les zones arides, de haute montagne, les petits Etats insulaires et les zones côtières densément peuplées sont considérés comme les plus vulnérables. Il est plus inquiétant de noter que les événements climatiques extrêmes tels que les inondations, les ouragans et les sécheresses devraient devenir plus fréquents avec le changement climatique. Ces événements perturbateurs auront aussi leurs effets les plus importants dans les pays pauvres.

Au cours des dernières décennies, les changements climatiques ont probablement déjà eu des effets en matière de santé. L'eau stagnante et de surface, ainsi que la température ont une influence importante sur les insectes vecteurs de maladies infectieuses à transmission vectorielle, de même que sur certaines maladies liées à l'eau. Les espèces de moustiques vecteurs, qui propagent le paludisme et des maladies virales telles que la fièvre jaune et la dengue, ont une importance particulière. Des températures plus chaudes améliorent la reproduction du vecteur et réduisent la période de maturation des agents pathogènes dans son organisme. Les moustiques ont besoin d'avoir accès à l'eau stagnante pour se reproduire, et les insectes adultes ont besoin de conditions humides pour leur viabilité. D'autre part, des conditions très chaudes et sèches peuvent réduire la survie du moustique.

Quels sont les outils de santé publique de première importance pour une réaction efficace aux effets du changement climatique?

Heureusement, une bonne partie du risque sanitaire est évitable par l'entremise de programmes de santé et d'interventions sanitaires existants. La reconstruction et l'entretien des infrastructures de santé publique constituent ce qui est souvent considérés comme la stratégie d'adaptation la plus importante, la plus rentable et dont le besoin se fait sentir le plus urgemment. Cette stratégie inclut la formation en santé publique, des systèmes de surveillance et de réaction d'urgence plus efficaces, ainsi que des programmes durables de lutte contre les maladies.

Comment la Banque africaine de développement (BAD) réagit-elle aux défis sanitaires du changement climatique?

Le Groupe de la Banque intensifiera l'assistance fournie à ses pays membres régionaux (PMR)  pour faire face aux menaces posées par le changement climatique en renforçant davantage les caractéristiques principales de leurs systèmes de santé publique telles que la lutte contre les maladies tropicales négligées, les soins de santé primaires (y compris l'eau saine, l'environnement et l'assainissement) et l'amélioration du bien-être des femmes et des groupes vulnérables.

Il est bien reconnu que la gestion efficace de l'impact du changement climatique sur la santé publique requiert une action concertée et appropriée de la part des particuliers, de la communauté et des gouvernements, de même que des changements de fond. Nous allons, en conséquence, soutenir les partenariats qui susciteront l'engagement, ainsi que des actions qui produiront des avantages immédiats en matière de santé pour tout le monde. Nous allons aussi renforcer notre soutien en faveur de la voix du secteur de la santé au sein de la réponse globale de l'ONU à ce défi mondial.

Nous allons continuer, au sein de la Banque, à galvaniser les efforts pour la promotion de choix de développement sains dans nos interventions au niveau des secteurs tels que l'infrastructure, l'agriculture, l'éducation et l'eau.

Interview réalisée par Yolanda Nunes-Correia, y.nunes-correia@afdb.org

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