Ainsi parlait Yannis Ritsos, poète grec né en 1909 et décédé en 1990. Contemporain de notre poète national Abou El Kacem Chebbi, Yannis Ritsos publie son premier recueil, Tracteurs, en 1934, année de la disparition de l'auteur des Chants de la vie. Étrange coïncidence certes, mais il n'est, en poésie, que de hasard nécessaire, comme si la brève vie du poète tunisien, romantique tardif en quête d'une identité nationale et littéraire, ne pouvait qu'ouvrir le champ au poète grec, communiste marqué par le surréalisme, le poète grec ami des «damnés de la terre», à l'instar des Arabes, notamment de la Palestine et de son poète Mahmoud Darwich.
Dans l'un de ses derniers recueils, Ne t'excuse pas, paru en 2004, Mahmoud Darwich consacre un long poème à Yannis Ritsos. Ce poème, précisément prosopopée où il fait parler son ami, est né en novembre 1990, au moment où le poète, parti au Chili visiter la demeure de Pablo Neruda, se souvint de son autre ami, le poète grec qui l'avait reçu et présenté à Athènes en lui dédiant ainsi qu'à sa terre spoliée un très beau poème. Cette évocation n'est pas gratuite, parce que Darwich raconte que le lendemain de sa visite de la demeure de Neruda, il lut dans le journal International Herald Tribune que Ritsos avait quitté notre monde la veille, soit le 11 novembre 1990. En voici quelques extraits :
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