Ils n'ont pas hésité à le faire : écarter une Constitution, pourtant nouvelle, avec un simple revers de la main. Ces comportements anti-constitutionnels du chef du gouvernement, objet d'une problématique juridico-médiatique assez sérieuse, n'émanent pas d'une mauvaise interprétation de la Loi suprême du pays. Si tel était le cas, il aurait pu demander la bonne interprétation à la Cour constitutionnelle. Mais cela serait le dernier de ses soucis.
Car à l'instar de tous les islamistes du monde et peu importe le degré de leur intégrisme, les amis de M. Benkirane ne sont pas convaincus de l'utilité de ce document dont le but est d'organiser la gestion du pouvoir. Lors du débat ayant précédé la nouvelle Constitution au Maroc, le PJD, aujourd'hui au pouvoir, manifestait un désintérêt total à l'égard de centaines de dispositions par lesquelles la vie publique sera hypothéquée pendant les années à venir. En revanche, la religion et la Commanderie des croyants étaient les deux seuls points pour lesquels il a remué ciel et terre. Plus royaliste que le Roi? C'est facile à réfuter dans la mesure où le projet final de la Constitution dont la préparation a été pilotée par un conseiller du Souverain, parlait clairement du caractère civil de l'Etat. Chose qui a vite disparu sous l'effet du tapage islamiste faisant ainsi rater au Maroc l'occasion de clarifier les frontières entre le champ de la religion et celui de l'Etat.
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