Centrafrique: Leopold Mboli Fatran - « Le problème de l'assainissement est assez crucial »

18 Septembre 2012
interview

Seattle — Le problème de l'assainissement en République Centrafricaine préoccupe beaucoup les autorités de ce pays. Son ministre de l'énergie et de l'hydraulique, Leopold Mboli Fatran lie cet état de fait au déficit de financement dont est confronté ce secteur. Interrogé sur le sujet, en marge de la foire, baptisée «Reinvent the toilet», une rencontre organisée à Seattle par la fondation  Bill & Melinda Gates,  M. Leopold Mboli Fatran qui a souligné l'ampleur des problèmes d'assainissement dans son pays préconise la promotion des techniques consistant à utiliser les matières fécales comme engrais ou sources énergétiques. 

M. le ministre, pourriez vous nous parler du problème d'assainissement en République Centrafricaine et des programmes de santé associées à ce sous-secteur ?

Je peux vous dire que c'est un secteur qui n'a pas beaucoup de financements. Lorsqu'on regarde de manière générale d'une année à une autre, l'assainissement est le secteur le plus oublié. C'est pour dire qu'en ce moment le problème de l'assainissement est assez crucial et le gouvernement s'attèle à trouver des fonds pour ce secteur. En termes de chiffres, ce secteur représente pratiquement 0 à 0,01% de l'ensemble du financement du secteur de l'hydraulique dont j'ai la charge.

Est-ce que vous pouvez nous faire l'état des lieux concernant la situation sanitaire dans les villes centrafricaines?

Il y a beaucoup de problèmes dans le secteur sanitaire notamment celui lié à l'hygiène en milieu scolaire dans les villes frappées par la promiscuité. C'est pour dire que le problème est assez important surtout je le répète en milieu scolaire où les enfants sont obligés parfois d'aller derrière les cases pour pouvoir se soulager. Avec les pluies diluviennes dans ce pays, ces excréments finissent dans les eaux et ça entraine des problèmes de santé publique très importants.

Est-ce que ce problème empêche les enfants ou étudiants d'aller à l'école ? 

Les enfants vont à l'école mais il faudrait qu'ils y aillent dans de bonnes conditions  et en bonne santé. C'est vrai que cela a un surcoût, un poids certain parce ce que ce problème sanitaire impacte beaucoup sur l'assiduité des élèves à l'école. Quand un enfant n'est pas en bonne santé, il ne peut pas avoir un cursus normal à l'école. Ce qui est un problème très préoccupant.

Qu'est-ce que vous allez emmener en République Centrafricaine de ce que vous avez appris ici ?

Je suis vraiment content de ma participation et j'ai beaucoup appris ici. Les inventions que j'ai découvertes ici vont bouleverser la donne dans les pays en voie de développement surtout avec l'utilisation des matières fécales pour les réintroduire dans le secteur du développement. J'ai, par exemple, vu qu'on pouvait réutiliser les urines pour en faire de l'engrais et aussil'utiliser dans le domaine de l'environnement. Ce qui est vraiment important. J'encourage et je félicite sincèrement la fondation Bill & Melinda Gates  et je voudrais leur dire que nous les pays africains, attendons beaucoup de cette fondation.

M. Abdoulaye de la fondation en Côte d'Ivoire nous a parlé d'un programme d'assainissement à Dakar avec l'implication d'entrepreneurs. En quelque sorte, une manière de privatiser le problème. Est-ce que vous pensez que cette option peut marcher en République Centrafricaine?

Il faut relever que nous n'avons peut-être pas les mêmes problèmes mais, à mon avis, c'est une vision qui répond à un certain nombre de préoccupations, aujourd'hui en Afrique. Non seulement ça permet de créer des emplois mais aussi d'assurer de la propreté pour la santé de la population. Je partage cette vision du Sénégal.

Est-ce que vous auriez quelque chose à ajouter sur ce sujet ?

Je pense qu'on a fait le tour de la question mais je voudrais surtout encore une fois encourager la fondation à continuer sur cette lancée de la recherche. Je pense que c'est par cette voie que les pays africains parviendront à régler les problèmes sanitaires et surtout à épargner des vies. Nos enfants souffrent de problèmes de santé surtout dus à la mauvaise qualité de l'hygiène, aux problèmes sanitaires, aux problèmes d'assainissement. J'encourage la fondation à toujours œuvrer à côté des pays africains. Ce que nous avons vu aujourd'hui ne doit pas rester simplement dans le domaine de la recherche mais il faut que ça soit mis en œuvre pour régler les problèmes sanitaires en Afrique.

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