«La sauvagerie avec laquelle le représentant de «Nida Tounès» Lotfi Nagdh a été tué nous impose l'obligation de réfléchir sur les causes qui peuvent transformer un homme ordinaire en meurtrier. Comment dans une Tunisie post-révolutionnaire, on tolère l'existence de groupes paramilitaires agissant en toute impunité pour semer la terreur jusqu'à ce que mort s'ensuive. Cette violence et tout le vocabulaire qu'elle charrie n'allant pas sans conséquences pour notre pays : le triomphe de la barbarie».
Un nouveau spectre hante la Tunisie, qui n'est plus le retour de Ben Ali et sa dictature mais la violence politique dont beaucoup craignent qu'elle ne serve de fondation à l'installation définitive d'un fascisme religieux dans notre pays. Violence politique : l'expression dit bien par la conjugaison de ses deux termes la nature du problème. Elle indique d'abord ceci qu'il n'y va pas de simple augmentation d'actes troublant l'ordre public, mais aussi par une montée d'agressions physiques qu'il paraît difficile de qualifier pénalement et que l'on a appris à ranger sous une rubrique créée pour la circonstance, celle de la haine, de la pluralité politique. De cette violence croissante, l'expression en question désigne également la cible. Car «la politique» n'est pas tant le cadre de la violence que son objet, pour autant qu'on désigne par ce nom, une volonté particulière de ne pas se contenter de combattre son adversaire politique, mais de l'éliminer physiquement. Elle commence par la dérisoire provocation et atteint un seuil paroxystique, le meurtre, comme celui de Lotfi Nagdh à Tataouine.
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