Abuja - Nigeria — Le président de la Commission de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), M. Cheikhe Hadjibou Soumaré, s'est livré ce jeudi 22 novembre 2012 à Abuja, au Nigéria, à un vibrant plaidoyer en faveur d'une coopération plus forte entre son institution et la Commission de la CEDEAO en vue d'apporter plus de convergence dans les politiques menées par les deux entités.
S'adressant à la presse au sortir d'une visite de courtoisie à son homologue de la CEDEAO, M. Kadré Désiré Ouédraogo, le premier responsable de l'UEMOA a d'emblée déclaré : «Je suis là aujourd'hui pour travailler avec le président Ouédraogo et réfléchir avec lui sur les aspects de convergence de nos deux institutions». «Nos chefs d'Etat nous ont instruits de travailler à la convergence de nos politiques, mais aussi à la convergence de notre démarche pour donner plus de cohérence à cette démarche. C'est la raison pour laquelle nous avons déjà tenu une réunion avec l'Union européenne pour voir l'état de notre coopération et porter à l'attention de la communauté des bailleurs de fonds que tout ce que nous faisons va dans le même sens, car nous ne pouvons pas avoir d'activités divergentes», a indiqué le président de la Commission de l' UEMOA.
M. Soumaré a souligné que son organisation, dont le siège se trouve à Ouagadougou, au Burkina Faso, «est partie intégrante de la CEDEAO» en ce sens que ses huit membres (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo) se retrouvent parmi les quinze pays constituant la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest. Interrogé ensuite sur l'existence d'innovation éventuelle dans la coopération entre les deux institutions, M. Cheikhe Hadjibou Soumaré en a admis l'existence, en indiquant que l'UEMOA et la CEDEAO ont chacune entrepris des réformes aussi bien structurelles que politiques, notamment sur certaines de leurs politiques économiques.
«Aujourd'hui, nous voulons faire en sorte que nos deux organisations puissent travailler en temps réel sur l'ensemble de ces dossiers», a-t-il dit, prenant l'exemple du Tarif extérieur commun (TEC) sur lequel aussi bien l'UEMOA que la CEDEAO ont déjà travaillé chacune de leur côté. A présent, a expliqué M. Soumaré, il s'agit de voir comment faire pour que sur ces politiques l'UEMOA et la CEDEAO puissent parler le même langage. «Il y a également les chocs exogènes que nous subissons aujourd'hui, comme le problème de l'insécurité alimentaire. Nous avons des politiques agricoles au niveau des deux institutions. Nous allons voir ce qu'il y a lieu de faire pour avoir plus de résilience sur ces questions, qui sont aujourd'hui des questions d'actualité pour nos populations», a-t-il ajouté.
En recevant son hôte dans son bureau, le président de la Commission de la CEDEAO avait tenu le même langage. «Nous savons ce que nous voulons et nous devons faire en sorte que le résultat final soit à la hauteur des attentes de nos Etats et de nos dirigeants», avait notamment indiqué M. Kadré Désiré Ouédraogo, ajoutant : «C'est notre responsabilité de mobiliser nos équipes et de les amener à regarder dans la même direction afin que nous harmonisions nos actions parce que, ensemble, nous sommes plus forts…»
Selon M. Ouédraogo, cette coopération réjouit les partenaires de l'Union européenne qui avaient tendance à hésiter entre ces deux organisations situées en Afrique de l'Ouest. «Nous leur disons ''ne vous inquiétez pas, nous savons ce que nous voulons, nous savons où nous allons et nous parlons d'une même voix'' et pour moi c'est une heureuse occasion, et je pense que nous saisirons cette occasion pour prendre les mesures nécessaires afin de renforcer cette coopération».
Le séjour à Abuja du président de l'Union économique et monétaire ouest- africaine se justifie par la tenue, du 19 novembre au 23 novembre 2012 au siège de la Commission de la CEDEAO, d'une série de rencontres dans le cadre de la 9ème session du Secrétariat technique conjoint (STC) UEMOA-CEDEAO. Les deux personnalités s'étaient déjà rencontrées lors d'une mission de travail conjointe effectuée à Bruxelles, en Belgique, le lundi 18 juin 2012 dans le cadre du renforcement des relations de coopération entre l'Afrique de l'Ouest et l'Union européenne.
Cependant, la rencontre du 23 novembre revêt un caractère exceptionnel en ce sens qu'elle permettra à M. Soumaré et Ouédraogo ainsi qu'à leurs équipes respectives de discuter des questions de convergence et de coordination des différents programmes sectoriels pilotés par les deux organisations sous- régionales.
