Ce qui n'était qu'une simple supputation, une appréhension, voire une crainte volontairement dissimulée, risque de devenir la plus triste des réalités que le Mali ait jamais vécues. Avec la mobilisation récemment constatée des mouvements islamistes qui se dirigeraient vers le Sud du pays, la descente des djihadistes sur la capitale malienne est une hypothèse dont la probabilité de réalisation n'est plus forcément nulle. Exceptés les Shebabs de la Somalie dont la présence n'a pas encore été officiellement révélée, presque toutes les tendances islamistes africaines ont répondu favorablement à l'appel des occupants illégaux du Nord-Mali. Mais cette dernière évolution de la situation de crise qui prévaut au pays de Soundiata Kéita n'est guère étonnante.
Plus que l'option des islamistes de lancer une attaque militaire au moment où certains d'entre eux se disent disposés à dialoguer, c'est plutôt le temps qu'ils ont mis pour se décider à poursuivre leur conquête du territoire malien, qui laisse perplexe. La nouvelle donne dans cet autre épisode du conflit qui oppose le gouvernement malien aux djihadistes, c'est surtout le renfort que leur apporte Boko Haram du Nigeria. Peut-être cet appui non négligeable, ainsi que le retournement de veste d'Ansar Dine ont-ils été déterminants dans la décision du MUJAO, d'AQMI et d'Ansar Dine à passer à une autre étape dans leur projet. Ainsi en auraient-ils profité pour anticiper et prendre leurs adversaires à court. L'attaque étant, par ailleurs, l'une des meilleures défenses, pourquoi attendraient-ils d'être mis à l'épreuve pour réagir ? Et le contexte s'y prête d'autant plus que la fameuse intervention militaire africaine, longtemps annoncée, est plus que jamais aléatoire.
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