Cameroun: Paul Biya et la diaspora

« Môt a ne égôngol eza nlam » chantait en langue bulu, Jacob Medjo me Nsom, un virtuose de l'assiko. Traduction libre et littérale : « on est malheureux en pays étranger ». Nos compatriotes expatriés, qui résident en Europe, ont eu à expérimenter cette réalité au quotidien, depuis qu'en espace Schengen, le Vieux continent a serré les mailles du filet de l'immigration. Dans leurs tribulations loin du pays natal, le regard bienveillant, les mots d'encouragement, l'appel de la patrie, venant de Paul Biya, président de tous les Camerounais, s'apparente à du baume sur le coeur. Ou plutôt à la chaleur du pays dans ce froid d'un hiver particulièrement rigoureux qui balaie l'Europe. Comme dit un proverbe bien de chez nous, « qui ne t'aime pas ne peut pas te donner de l'eau chaude pour le bain, quand le corps te démange ».

Ainsi, dans sa visite de travail à Paris, sur invitation de son homologue français, François Hollande, le président Paul Biya a accordé une grande place à la diaspora. Lui qui, dans un geste d'ouverture, leur a donné, il y a deux ans, l'opportunité d'exprimer désormais, à la faveur d'un aménagement législatif, leur suffrage lors des consultations électorales, n'ignore pas qu'ils expriment d'autre attentes. A l'instar d'une nouvelle ouverture sur la question de la double nationalité. Question vitale, s'il en fut, lorsqu'on sait que la naturalisation entraîne fatalement ipso facto, la perte de la nationalité camerounaise. Or, qu'ils aient quitté le pays pour aller, « apprendre à lier le bois au bois », selon l'expression de l'écrivain sénégalais Cheikh Hamidou Kane, qu'ils y soient nés, tous ceux qui ont des attaches de sang avec le Cameroun, en Africains foncièrement liés à la terre des ancêtres, les gardent affectueusement, corps et âme. Mais dures sont les lois. Qui ne se souvient de la déconvenue de Mongo Beti, ce regretté monument de la littérature africaine, ce chantre de la décolonisation, ce militant engagé pour la libération et le progrès de son peuple, qui rentrant au Cameroun au début des années 90, après un long séjour en Europe, naturalisé français, se rendait compte que ce lien avec le Cameroun, au plan du droit, lui avait été coupé. Ils sont nombreux qui buttent à cette triste réalité.

...

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.