Tunisie: Un crime odieux et abject

9 Février 2013
billet

L'assassinat de Chokri Belaïd, le mercredi 6 février, a surpris tous les Tunisiens. Car il s'agit bel et bien d'un crime politique. Les prises de position et l'engagement du leader du Front populaire contre le projet nahdhaoui lui ont valu, depuis quelque temps, de sérieuses menaces confirmées par le chef de l'Etat en personne, selon les dires du défunt lui-même et de sa famille. C'est un crime prémédité, organisé et commandité par ce qu'on pourrait qualifier, pour l'instant, de « forces de l'ombre », tant que l'enquête se poursuit et que la justice n'a pas dit son mot sur l'identité des tueurs. Ce crime a été exécuté par des professionnels qui ont bien visé leur cible et rien que leur cible, épargnant la personne qui l'accompagnait et qui était le conducteur du véhicule. Ils ont tiré à bout portant sur certaines parties du corps, ne laissant aucune chance à leur victime de pouvoir s'en sortir. L'ordre était de l'achever. Que dire face à un tel crime ?

Les Tunisiens, à travers le pays, ont exprimé leur colère, leur indignation, leur révolte contre une pratique à laquelle ils n'étaient pas habitués. Certes, nous gardons en mémoire les crimes perpétrés contre notre leader syndicaliste Farhat Hached, tué lui aussi à bout portant, tôt le matin sur son lieu de travail, et de Salah Ben Youssef, achevé de la même manière dans sa chambre d'hôtel en Allemagne. Que d'autres crimes aient eu lieu, après le 14 janvier, visant un «cheikh» de Montplaisir ou un salafiste de Sousse, cela semblait relever -- pour l'un du moins -- d'un règlement de comptes entre tendances ennemies, selon les témoignages des familles. Car, aucun des deux assassinats commis en plein jour n'a été élucidé jusqu'à cette date. L'assassinat de Chokri Belaïd est d'un tout autre ordre. Il n'est pas le résultat d'un quelconque règlement de comptes provenant d'une faction rivale. C'est, au risque de nous répéter, un assassinat politique.

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