Quand deux Maliens se rencontrent, quelle est leur salutation préférée ? Hêrè hêrè doron. Ce qui signifie : la paix, la paix seulement. Et dans la tradition bambara, on ne peut se faire une bonne renommée sans adhérer aux principes du dambé, c'est-à-dire la décence et la dignité.
A l'heure actuelle, à Bamako, tout règne sauf la paix. Entre bérets rouges et bérets verts, deux corps de ce qui reste de l'armée malienne, les limites de la décence ont été totalement bafouées. Au moment où les soldats français et tchadiens viennent de libérer Tessalit, au moment où les premiers formateurs européens foulent le sol malien en vue de restructurer l'armée, au moment où le pays est confronté à ses premières attaques-suicides, la population de Bamako vient d'assister en spectatrice au règlement de comptes violent entre militaires proches de l'ancien président ATT, et ceux de Sanogo, le capitaine de tous les mystères. Ces militaires qui se livrent à leur « guerre de bérets » savent-ils ce qui se passe vraiment dans leur pays ? Comment osent-ils faire cela ? Quelle pagaille ! Il est vrai, depuis la chute surprenante d'ATT, que ces deux corps de l'armée malienne qui ne se sont jamais appréciés ont choisi, désormais, d'étaler leur haine, leurs divisions à la face du monde entier. C'est une honte. Avec de tels militaires, le Mali semble condamné à une damnation éternelle. Car, depuis le début des opérations militaires française et africaine, ces fameux bérets, constitués majoritairement d'une bande de jouisseurs, refusent de mourir pour leur patrie. Comme si le déshonneur était leur seul titre de gloire.
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