Afrique: Bad – Après 50 ans, cap sur la transformation du continent

7 Mai 2014

La Banque africaine de développement (Bad) fête ses 50 ans au service du développement du continent. Le chemin a été long et parsemé d'embuches. La satisfaction au bout du fil réside au passage de l'«afro-pessimisme » à l'«afro-optimisme ». A mi-chemin, un bivouac s'impose pour jeter un regard sur le rétroviseur, évaluer les progrès accomplis, affiner les stratégies permettant de mieux scruter les montagnes à gravir et amorcer le décollage vers l'émergence économique ou la transformation du continent.

De 2000 à 2010, six des dix économies ayant la croissance la plus rapide au monde se trouvaient en Afrique. Ainsi se refermait à jamais l'ère du déclin économique, la « décennie perdue » et l'« afro-pessimisme » pour faire la place à l'«afro-optimisme». Mieux, d'après plusieurs prévisions, dans les cinq prochaines années, sept des dix économies à croissance les plus rapides au monde seront africaines. Des prouesses dans lesquelles, selon le représentant résident régional de la Bad au Sénégal, M. Mamadou Lamine N'Dongo, l'institution a joué un rôle essentiel. « La Bad a toujours été à côté des pays africains dans les périodes les plus difficiles. Par son appui, elle a su être un partenaire de choix et aider à faire face à ces défis et à améliorer les conditions de vie des populations ».

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Etablie en 1964, la Banque compte 54 pays africains membres et 25 non africains avec un effectif d'environ 2000 personnes. Son capital initial est passé de 250 millions à 100 milliards de dollars EU.

De 1967, date de la première opération à décembre 2013, la Bad a approuvé 4003 opérations de prêts et dons PMRs pour 104 milliards de dollars Us. Elle a obtenu la notation AAA de la plupart des Agences de notations avec 0% de risque.

Un tableau reluisant qui oblige M. Mamadou Lamine N'Dongo à rendre un hommage mérité aux sept présidents qui se sont succédé à la tête de l'institution depuis sa création. Selon  lui, la clairvoyance de ces derniers et leur leadership ont permis ces résultats hautement positifs. « Chacun d'entre eux, en fonction du contexte de son époque, a su poser des jalons importants et marquer de son empreinte son passage à la tête de l'institution ».

Parmi les premières institutions financières internationales

Après des débuts modestes, la Bad est devenue, selon l'Economiste principal de la Banque africaine de développement au Sénégal, M. Toussaint Houeninvo, la première institution financière africaine et s'est imposée sur la scène internationale. Elle a su rester une institution dynamique sur un continent en mutation rapide. Au fil des ans, face à l'accroissement des besoins du continent, elle s'est efforcée d'y apporter des réponses.

Ainsi, ses opérations couvrent plusieurs domaines dont les infrastructures, le climat des affaires, les Pme, l'agriculture et le développement social.

Concernant les infrastructures et les Technologies de l'information et de la communication, sur la période 2009-2011, la Bad a achevé 51 projets de transport (routiers, chemins de fer, maritimes et aéroportuaires) pour plus de 3 milliards de dollars.

De 2002 à 2011, elle a financé 48 projets du Nepad pour deux milliards de dollars et mobilisé un montant supplémentaire de deux milliards de dollars de co-financement. La Bad a participé à la réalisation du corridor routier de Nacala qui offre à la Zambie, au Malawi et au Mozambique un meilleur accès routier au Port de Nacala (Zambie).

Dans le même cadre, elle a financé la route Mombasa-Nairobi-Addis-Abeba, longue de 438 km, pour 323 millions de dollars rendant ainsi le port de Mombasa rentable pour les deux pays. A cela s'ajoute le Pont de Kazungula reliant la Zambie au Botswana ainsi que le chemin de fer de la Vallée du Rift connectant le Kenya et l'Ouganda.

La Banque a aidé à attirer des investissements dans le domaine des technologies de l'information et de la communication pour Rascom, Hello Tower Nigeria, Main One, New et EASSY.

Sur le plan de l'énergie, en 2013, le projet d'interconnexion Côté d'Ivoire-Libéria-Sierra Léone, et Guinée a vu le jour grâce à l'appui financier de la Bad. Durand la même année, la préparation de la première phase du projet hydroélectrique de Grand Inga 3 en RD Conga (à terme 4800 MW avec une possibilité export énergie vers l'Afrique du Sud) a débuté.

Entre 2009 et 2011, la Banque a contribué à la réhabilitation et l'installation de 7665 kilomètres de lignes de transport et de distribution.

En terme de réformes aidant à l'amélioration du climat des affaires, les appuis de la Bad ont permis au Rwanda de passer de la 139ème place entre 2008 et 2011 à la 45ème entre 2006-2012. Dans ce même cadre, il a été relevé que dans les 18 pays où elle a soutenu des réformes, le temps consacré pour le paiement des impôts a baissé de 10% pour s'établir à 254 heures par ans. Au cours des cinq dernières années, elle a soutenu la candidature de 11 pays à l'Initiative ITIE.

Entre 2009 et 2011, elle accordé des lignes de crédit à l'East Africa Developpment Bank d'Ouganda. A cela s'ajoutent les lignes de crédit à l'Eastern and Southern African Trade and Developpment Bank, les lignes de crédit à la BOAD, l'appui à l'extension au port de Lomé…

Concernant le volet capital humain et développement social, la Bad a apporté un soutien à divers centres d'excellence au Sénégal, Kenya, Ghana, Zimbabwe. Entre 2009 et 2011, son financement a contribué à former 12 700 enseignants. En 2013, elle a financé le renforcement des compétences pour 520,3 millions de dollars US.

Stratégie 2013-2022 pour transformer l'Afrique

En dépit des progrès réalisés, la Bad est consciente que certains fléaux restent fortement présents sur le continent à savoir le chômage, la pauvreté, les inégalités, les conflits internes. Dans l'ambiance de la célébration du cinquantenaire et les prochaines Assemblées annuelles de mai 2014 à Kigali (Rwanda), la Bad dira : « il reste beaucoup à faire ».

Pour renforcer son accompagnement à l'Afrique en vue de sa transformation dans les années à venir, elle calibre ses actions sur la stratégie 2013-2022. Une transformation qui a comme objectifs de soutenir une croissance inclusive et assurer une transition vers la croissance verte. Le premier devra transcender les obstacles liés à l'âge, au genre et à la géographie. Le deuxième s'attellera à renforcer la résilience, gérer les ressources naturelles et mettre en place des infrastructures durables.

La stratégie 2013-2022 de la Bad repose sur cinq grandes priorités opérationnelles notamment le développement des infrastructures, l'intégration régionale, le développement du secteur privé, la gouvernance, la responsabilité et les qualifications et technologies.

Elle mise sur trois domaines d'intérêt particulier dont les « Etats fragiles » avec une approche régionale et de continuum. L'« Agriculture et la sécurité alimentaire » aura une place de choix avec une démarche consistant au renforcement de la chaine de valeur intégrée. Le troisième domaine d'intérêt est lié au « genre ». Il sera question de renforcement des opportunités économiques, la protection des droits juridiques et de propriété.

Une stratégie qui permettra à M. Babacar Ndiaye, cinquième président de la Bad à dire que la jeunesse africaine a tout pour ne pas être complexée. Il l'invita à prendre son destin en main afin de mieux porter son avenir.

Cinquante ans après, les dirigeants de la Bad demeurent convaincus que le mandat de l'institution reste encore aussi pertinent que jamais. Pour eux, les vieux problèmes se sont métamorphosés. De nouveaux défis sont apparus et les réponses, doivent évoluer en conséquence.

De son lancement, le 22 avril passé, par le président de la Bad, Donald Kaberuka à Tunis, jusqu'en décembre 2014, la célébration du cinquantenaire se poursuivra dans toutes les représentations de la banque. Il sera mené une série de consultations avec toutes les parties prenantes tant au niveau du Gouvernement, du Parlement, des médias, du secteur privé, la société civile, la jeunesse, les groupes de femmes et des partenaires au développement sur les problématiques en Afrique et les meilleurs moyens d'y répondre avec efficacité.

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