Afrique de l'Ouest: Atteinte du dividende démographique – Des pays du Sahel s'engagent

Des pays du Sahel s'engagent à espacer les naissances pour mieux tirer profit de la croissance économique
10 Juillet 2014

Les gouvernements de six pays du Sahel s’engagent à investir pour l’atteinte du dividende démographique afin de mieux tirer profit de la croissance économique attendue dans la région. Une ambition qu’ils comptent réaliser à travers le Projet d’autonomisation des femmes du Sahel et de démographie financé par la Banque mondiale et piloté par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA).

Le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Tchad, la Mauritanie, le Niger, le Mali s’engagent à s’investir pour l’atteinte du dividende démographique afin de mieux tirer profit de la croissance économique annoncée dans la région du Sahel. Leurs ministres ayant pris part à la conférence régionale sur le Dividende Démographique et l’autonomisation des femmes dans le Sahel qui a pris fin, le 9 juillet 2014 à Dakar, la capitale du Sénégal, l’ont magnifié.

Cette action devrait être concrétisée à travers le Projet d’autonomisation des femmes du Sahel et de démographie. Financé à hauteur de 200 millions de dollars sur quatre ans par la Banque mondiale, ce projet régional sera piloté par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA). Cette manne financière sera mise à la disposition des six pays sus cités pour contribuer à la réduction de la vulnérabilité, à l'amélioration des possibilités économiques et à la réduction volontaire de la fécondité. Les bénéficiaires sont principalement les adolescentes et les femmes en âge de procréer.

L’UNFPA définit le dividende démographique comme étant « la croissance économique accélérée qui peut être générée par une baisse des taux de mortalité et de fécondité d'un pays suivie d’une modification progressive de la structure par âge de la population : la population jeune dépendante devient de plus en plus petite par rapport à la population en âge de travailler ». Cet organisme onusien soutient qu’«avec moins de personnes dépendantes à soutenir, un pays a une fenêtre d'opportunités pour une croissance économique rapide, si elle est accompagnée par des politiques appropriées pour promouvoir le capital humain, l'emploi et les investissements en matière de santé, d’éducation et de gouvernance, etc. »

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Les pays bénéficiaires estiment à l’unanimité que ce projet vient à point nommé en évoquant le contexte du Sahel qui est caractérisé par l'extrême pauvreté, l'insécurité alimentaire et une vulnérabilité interne due notamment aux conflits, sécheresses et inondations. Ainsi, souligne l’UNFPA, près d’un habitant sur deux vit avec moins de 1,25 dollar par jour ; plus de 11 millions de personnes sont sous la menace de la faim et 5 millions d'enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë. La croissance économique a généralement été bonne mais le PIB par habitant est resté bas et les inégalités se sont accrues, en partie à cause du profil démographique des pays. Toutefois, fait-elle remarquer, « le Sahel pourrait capitaliser sur sa démographie et récolter les avantages du dividende démographique ».

Pour Mme Trina Haque, gestionnaire de secteur à la Banque mondiale, Afrique de l’Ouest et du Centre, ce projet est une manière pour son institution de répondre à l’appel récemment lancé par le président du Niger, M. Mahama Issoufou demandant la communauté internationale d’accompagner les pays du Sahel dans la maitrise des problèmes démographiques. A son avis, l’un des principaux soucis de la Banque mondiale dans ce projet c’est la disponibilité des sages-femmes et des médicaments surtout en milieu rural. C’est ainsi qu’elle invite les pays engagés dans cette lutte à investir des secteurs comme l’éducation, la santé, l’auto-emploi des jeunes, surtout les filles…

Sur cette même dynamique, le directeur régional UNFPA, Afrique de l’Ouest et du Centre, M. Benoît Kalasa, pense qu’au moment où beaucoup de pays du Sahel aspirent à aller vers l’émergence, il est nécessaire de définir la qualité du capital humain qui va avec, notamment la jeunesse.

Le ministre de la promotion de la femme et du genre du Burkina Faso, Mme Nestorine Sangaré, se réjouit du fait que la principale cible de ce projet soit la fille qui, selon elle, semble être oubliée par les politiques publiques en matière de développement.

M. Konan N’Gessan Narcisse Simon N’Guessan Konan, conseiller technique du Ministère de l’Economie de la Côte d’Ivoire, de son côté, assure que son pays va essayer de tirer le maximum des bénéfices de la planification familiale pour booster les politiques pro-pauvres. A son avis, si la population qui doit bénéficier de la croissance économique augmente, les efforts consentis risquent d’être vains. C’est ainsi qu’il recommande la maitrise de la démographie pour mieux faire bénéficier de la croissance à la population surtout celle active.

Le Ministre de la planification et de la population du Mali, M. Cheikh Diawara, de son côté, met en exergue l’approche régionale du projet dividende démographique. M. Diawara considère que l’approche régionale va permettre de régler un problème frontalier mais aussi de mutualiser les forces et les moyens limités des pays du Sahel face aux contraintes démographiques. Avant de souligner : « la forte population est une opportunité mais elle peut être aussi une bombe surtout quand on ne fait pas de la jeunesse des acteurs de développement dans l’avenir ».

Le Ministre de la population, de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant du Niger, Mme Maikibi Kadidiatou Dan Dobi pense que ce projet va permettre de rompre avec le cercle vicieux de la pauvreté en autonomisant les femmes, et maintenir les filles à l’école.

Malgré la tenue de ce programme à Dakar, le Sénégal ne figure pas encore sur la liste des pays bénéficiaires. Mme Trina Haque espère que ce pays signera bientôt son engagement, du moment qu’il partage les mêmes défis que les autres, en matière de maîtrise de la démographie. Dans ce même ordre d’idée, M. Benoît Kalasa de l’UNFPA avise que la mise en œuvre de projet dividende démographique s’appuiera sur une stratégie régionale qui va même travailler à gagner l’engagement des autorités religieuses et coutumières dans ce combat.

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