On les savait sérieusement touchés lors de l'intervention française Serval, du nom de cette opération militaire lancée en janvier 2013 contre les groupes armés islamistes au Nord-Mali ; sérieusement touchés oui, mais sûrement pas totalement anéantis. Même au moment où on les croyait définitivement boutés hors de ce qui fut naguère leur zone d'influence, les cellules dormantes du djihadisme ne cessaient d'ailleurs de donner du fil à retordre à l'Armée française, toujours présente pour la sécurisation des lieux. Ainsi, il y eut des attentats suicides par-ci par-là, notamment à Kidal, Gao ou Tombouctou. Mais tant bien que mal, les forces françaises, soutenues par la suite par les hommes de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), parvinrent à y établir une sécurité aussi fragile soit-elle. Après cette légère accalmie, voilà que les djihadistes reprennent du service. En effet, en l'espace d'une semaine, il y a eu trois tentatives d'attaques contre des positions de la MINUSMA. La dernière ayant malheureusement fait mouche avec deux morts et sept blessés : tous étaient des soldats burkinabè. C'était le 16 août dernier dans le camp militaire de Ber, à une soixantaine de kilomètres de Tombouctou, quand un pick-up bourré d'explosifs et conduit par deux kamikazes a foncé sur la garnison.
Le constat aura aussi été fait que l'attentat a concerné une fois encore des Burkinabè. Il survint après celui du 30 juin dernier qui avait fauché un jeune lieutenant burkinabè, Christian Sawadogo, dont le véhicule a sauté sur un engin explosif. Faut-il de là établir une relation de cause à effet et voir en ces actions terroristes un acharnement ciblé contre le contingent venu du Burkina Faso ? Sous réserve des résultats des enquêtes et du contenu des revendications de ceux qui en sont les auteurs, disons que ce serait vite aller en besogne que de conclure à une conspiration djihadiste contre le contingent burkinabè; le terrorisme étant par essence le recours aveugle à la force, il ne fait pas de distingo. Son objectif, c'est de tuer. Qu'importe la couleur de la peau ou la nationalité des victimes. Aussi convient-il de rappeler qu'avant les récents attentats, d'autres nationalités ont déjà été victimes de terroristes au Mali : le 14 juillet 2013, à Kidal, un véhicule bourré d'explosifs avait provoqué la mort de deux soldats sénégalais de l'ONU qui étaient en faction devant la Banque malienne de solidarité (BMS). L'ignoble acte avait été revendiqué par un certain Sultan Ould Baddi, qui estime avoir agit «au nom de tous les moujahidines [Ndlr : combattants] de l'Azawad» contre ceux qui soutiennent «le combat de François Hollande en terre d'islam». Le 11 juin dernier, à Aguelhok, dans le nord du Mali, ce sont quatre militaires tchadiens de l'ONU qui ont été tués lors d'un attentat à la voiture piégée.
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