On avait l'habitude de les voir sur les artères des villes algériennes arborant fièrement uniforme et casquette réglementaire, tantôt pour dresser procès-verbal ou tout simplement pour des missions de maintien de l'ordre et de lutte contre la criminalité. Or depuis quelque temps, c'est de tout autre chose que s'occupent les policiers algériens : désormais, il n'est plus question pour eux de réglementer la circulation ni encore moins d'assurer un quelconque maintien de l'ordre, car aujourd'hui, chose inédite au pays de Houari Boumediene, les flics descendent dans la rue.
Ils ont rangé sifflets et matraques pour manifester devant le palais du gouvernement à Alger mardi. Mécontents de leur sort, ils réclament l'amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles. Et c'est par centaines que ces policiers sont revenus à la charge mercredi, cette fois devant le siège de la présidence au lendemain de marches spectaculaires dans la capitale et à 600 km de là, dans la région de Ghardaïa, où des affrontements entre Berbères et Arabes ont fait plusieurs morts depuis décembre dernier. Or, une fois n'est pas coutume, ce sont les forces de l'ordre elles-mêmes qui descendent dans la rue, donnant à l'évènement une dimension toute particulière. Le comble dans un Etat policier tel que l'Algérie, un pays où les manifestations au cœur de la capitale sont généralement réprimées.
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