Parmi les causes lointaines de la chute du régime de Blaise Compaoré, l'on peut citer, sans risque de se tromper, l'assassinat du journaliste Norbert Zongo dans les circonstances que l'on sait. Cet acte dont le caractère barbare a choqué, indigné et révolté le peuple burkinabè voire celui d'Afrique et d'ailleurs, a suscité la mise en place d'une méga coalition de partis politiques et d'associations de la société civile dont l'objectif était non seulement de réclamer justice pour Norbert Zongo, mais aussi de lever l'omerta sur l'ensemble des crimes économiques et de sang, imputables à la gouvernance de Blaise Compaoré.
Ce dernier dont le frère cadet, François Compaoré, était soupçonné d'être mêlé au boucanage du journaliste, avait mis, pouvait-on avoir l'impression, un point d'honneur à ce que les Burkinabè ne connaissent jamais la vérité sur cette affaire. La chute de son régime, dans les circonstances que l'on connaît, a manifestement modulé le discours officiel, en l'orientant dans le sens des aspirations profondes du peuple burkinabè. Et ces aspirations n'ont pas varié d'un iota, depuis le 13 décembre 1998. Les autorités de la transition qui savent qu'elles ont une dette morale vis-à-vis de Norbert Zongo, n'ont pas voulu se faire conter ce 16e anniversaire, le premier après Blaise Compaoré. En effet, cinq membres du gouvernement parmi lesquels la ministre de la Justice, Joséphine Ouédraogo, et le Premier ministre, Isaac Zida, ont assisté au grand meeting qui a suivi la marche.
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