La Gambie, ce petit pays de l'Afrique de l'Ouest, est à la fois une incongruité géographique et une incongruité politique. Léopold Sédar Senghor et Dawda Jawara avaient tenté de réparer la première incongruité, en mettant en place la Sénégambie en 1982. Malheureusement, l'expérience avait tourné court.
Quant à l'incongruité politique, elle a pris racine dans le pays, depuis que le fantasque Yahya Jammeh a renversé le régime de Sir Dawda Jawara en 1994. Depuis lors, l'ancien maître coranique, devenu par la force des baïonnettes maître absolu de la Gambie, dirige le pays selon ses pulsions. Et l'on sait que celles-ci sont dignes du personnage central de la comédie burlesque de A Jarry, c'est-à-dire Ubu. La nature de la gouvernance de Yahya Jammeh n'a pas varié d'un iota, malgré les efforts de démocratisation entrepris par bien des pays africains suite à l'appel de La Baule. C'est donc conformément à cette logique de la terreur que Yahya Jammeh est en train de gérer les jours qui ont suivi l'attaque du 30 décembre 2014 dernier dont son régime a été victime. Naturellement, le boucher de Banjul s'est saisi de cet événement qu'il impute à des opposants gambiens partis du Sénégal, pour libérer davantage ses pires instincts, en arrêtant et en torturant à tour de bras tous ceux qui, à ses yeux, sont impliqués dans cette tentative de déstabilisation de son pouvoir. Aussi assistons-nous aujourd'hui à une véritable chasse aux sorcières à l'intérieur du pays. Yahya Jammeh exige même de certains pays de la sous-région qu'ils lui remettent des opposants gambiens censés être trempés dans l'affaire.
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