Enfin le jour tant attendu est arrivé ! La Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei) a suspendu l'audition des témoins pour juger Ibrahima Abou Khalil dit Bibo. Sa déposition était des plus attendues... C'est lorsque la question des commissions rogatoires internationales a été évoquée qu'il a trouvé l'occasion de plaider en faveur de Karim Wade. Poursuivi pour enrichissement illicite, on reproche à ce dernier d'avoir financé les sociétés dont l'homme d'affaires franco-libanais est accusé d'être actionnaire majoritaire. «Les comptes bancaires de ces sociétés n'appartiennent pas à Karim Wade. Il n'y a eu aucun financement venant de lui. L'expertise ordonnée dans le cadre des commissions rogatoires a démontré qu'il n'y a jamais eu de flux financiers entrants ou sortants venant de Karim Wade», nie Bibo Bourgi. «Toutes les sociétés d'exploitation payent des impôts et des taxes sur des dividendes. Je porte un intérêt primordial sur mon indépendance et ma liberté. Pourquoi j'aurai travaillé durant ces 12 ans pour les beaux yeux de Karim Wade ? Pourquoi vouloir considérer que j'aurais continué à le protéger et dans quel intérêt ?», s'interroge le prévenu.
Le juge lui notifie l'accusation selon laquelle Karim Wade est à l'origine de la création des sociétés citées dans le dossier, avec notamment Ahs et Abs, de par le financement et la désignation des actionnaires. Ahs évaluée à plus de 18 milliards, Harstand évaluée à plus de 17 milliards, Abs évaluée à près de quatre milliards qui a pour objet la commercialisation de bus et qui est détentrice d'un contrat d'exclusivité dans la sous-région. L'accusation retient des irrégularités par rapport à l'attribution du bail. Les réponses de Bourgi face à ces différentes interpellations se résument ainsi : Wade-fils n'a joué aucun rôle dans la constitution des sociétés en question. «C'est moi-même qui ai signé et constitué les sociétés Ahs et Dahlia Sa devant notaire. Je me suis présenté en personne pour expliquer le processus de constitution. J'ai présenté au notaire le projet et les actes constitutifs sur lesquels elle devait travailler. J'ai aussi déterminé qui devait occuper le poste de directeur général». Le juge insiste, mais Bourgi campe ferme, sur sa position : «Je ne peux pas vous dire ce que je ne sais pas.»
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