Après avoir publié Shamablanca (2011), un premier roman remarqué qui a remporté le prix Découverte féminine au Maroc, Sonia Terrab revient avec La révolution n'a pas eu lieu. Le livre raconte l'histoire d'une parenthèse enchantée qui s'ouvre avec la marche du 20 février à Casablanca et se referme quelques mois plus tard avec les 98,5% des votants qui ont dit oui à la nouvelle Constitution. Le roman évoque de l'intérieur le vécu de quelques jeunes militants. Il les montre avec leurs certitudes, leurs convictions parfois dogmatiques et leur arrogance mais aussi avec leurs doutes, leur fragilité, leur mal de vivre et leurs contradictions : «Une bande de gamins plus effrayés par la vie que par la mort, assoiffés de reconnaissance et de liberté mais dépassés par les événements, par leurs visions, mis au pied d'un idéalisme encore balbutiant mais déjà bien trop grand».
Au début du roman, Ilyas est avec un micro sur le toit d'une Honda branlante et rythme la marche du 20 février. Meya le regarde. Elle ressent quelque chose pour ce jeune Ché Guevara marocain. Elle est venue se joindre au cortège juste pour le voir, être avec lui. Même si elle quitte très vite la foule, embarquée par un homme avec qui elle va avoir des rapports sexuels tarifés. Chacun des personnages entretient un rapport spécifique et singulier au politique, à la révolution, au sexe, à l'amour. Ilyas est un jeune doctorant parisien, issu d'une famille aisée de Casa. Il a le temps de s'engager dans le Mouvement du 20 février, de lire, de twitter des phrases faussement profondes sur le Net et de se délecter de la médiatisation d'un mouvement dont il est partie prenante. Il incarne cette bourgeoisie qui aime s'encanailler dans les endroits populaires de Casa et boire du vin bon marché dans les soirées de bringue mais à condition de pouvoir rentrer le matin dans la grande villa pour y dormir dans des draps frais. Il est attiré par Meya, avec qui il passe des soirées à boire et à prendre des drogues.
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