Sénégal: 500 fermes familiales pour fixer les jeunes dans le monde rural

"Ferme familiale NAATANGUE" pour encourager les jeunes à s'investir dans l'exploitation agricole au Sénégal
18 Mars 2015

Au Sénégal, il est prévu l’installation de 500 fermes familiales à travers les 14 régions du pays sur le période 2015 – 2017. Ceci entre dans le cadre d’un programme dénommé « Ferme familiale Naatangué » initié par l’Agence Nationale d’Insertion et de Développement Agricole (ANIDA). Le lancement officiel s’est tenu le mardi 17 mars à Dakar.

El Hadji Malick Diouf, fermier établi à Mbodiène, sur la petite côté sénégalaise, ne cache pas sa satisfaction par rapport à l’expérience vécue avec les fermes familiales modernes. Environ la quarantaine, le bonhomme confie avoir doublé ses revenus annuels qui tournaient aux environs de 700 mille F Cfa. Cette prouesse a été réalisée grâce à sa participation dans le programme « Fermes familiales NAATANGUE » (en français : ferme de la prospérité, ndlr), initié par l’Agence Nationale d’Insertion et de Développement Agricole (ANIDA).

La ferme NAATANGUE est matérialisée comme une exploitation agricole de 1 à 2 ha avec maîtrise de l’eau et où sont parfaitement intégrés, le maraîchage, l’arboriculture, l’aviculture, la pisciculture etc. Avec l’expertise dont il a bénéficié dans ce programme, M. Diouf dit avoir pris l’option de diversifier sa production en cultivant de la mangue, du citron, du pamplemousse ; en pratiquant la pisciculture et l’aviculture. Il prévoit d’investir le secteur de l’élevage d’ovins et de bovins.

Même son de cloche pour Abdou Aziz Guèye, agriculteur ayant bénéficié au programme. Capitalisant une expérience de 23 ans le travail de la terre, il dispose d’une ferme située à Berthilane à 60 kilomètres de Dakar. Avec l’expérience fournit par le projet « Ferme familiale Naatangué », M. Guèye affirme : « Je suis convaincu que le développement du Sénégal viendra de l’agriculture ». Une position qu’il défend en s’appuyant sur le réacteur biologique dont dispose le pays avec ses ressources en soleil, terres cultivables et eau.

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M. Guèye affirme réaliser des résultats considérables dans sa ferme grâce à un puits équipé d’une pompe solaire avec un système photovoltaïque. A l’en croire, le dynamisme de sa ferme lui a permis d’employer 14 personnes avec un salaire fixe supérieur de celui d’un manœuvre qui s’active à Dakar. Pour lui, avec le système de « Ferme Naatangué », le Sénégal peut bien atteindre son objectif de créer un million d’emplois par ans en aidant les jeunes à s’installer en milieu rural. Compte tenu des résultats obtenus, M. Guèye estime qu’aujourd’hui, « l’intégration de l’agriculture et de l’élevage est devenue une obligation ».

Ferme familiale Naatangué : Pourquoi ça marche !

Venu procéder au lancement officiel des 500 fermes familiales NAATANGUE, le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement Rural a livré les clés de la réussite de ce programme. A en croire Dr Papa Abdoulaye Seck, les résultats obtenus sont la résultante d’une diversification pour faire à face à la turbulence des marchés, la maîtrise de l’eau ayant permis d’augmenter, de sécuriser les revenus et créer des emplois. Il a été aussi procédé à l’étalement de la production avec la possibilité, pour les jeunes, de travailler huit mois sur 12.

Dans les fermes familiales NAATANGUE, les changements climatiques sont fortement pris en compte dans les techniques culturales afin de mieux maitriser l’incertitude climatique. Entre autres facteurs de succès, le ministre de l’agriculture a évoqué l’adoption d’itinéraires techniques appropriés, la mécanisation normée devant permettre de réduire les charges de travail, des facteurs de production de qualité, une orientation de la production par le marché, un encadrement de qualité et une appropriation du projet par les populations.

Pour corroborer cette expérience qui fait cas d’école, Pape Abdoulaye Seck confie que les jeunes qui travaillent dans ces fermes, sur une superficie de moins d’un hectare, peuvent réaliser des revenus hebdomadaires de 150 mille francs Cfa, soit 600 mille francs. Ce qui est quatre fois plus élevé que le salaire minimum mensuel dans le pays. Un état de fait qui permet au ministre de déclarer : «avec ces fermes, nous sommes en train de transformer l’exode rural en exode urbain ».
La conception du programme renseigne qu’une « Ferme Familiale NAATANGUE », dans sa forme achevée devrait générer une plus-value positive de plus de 4.000.000 F CFA sur 5 ans, au taux d’actualisation de 10%. En plus de cela, un retour sur investissement devrait être réalisé dès la 3ème année, avec un taux de rentabilité interne de plus de 35% et au moins deux emplois permanents.

Pour l’ANIDA, les « Fermes Familiales NAATANGUE » devraient ainsi permettre à plus ou moins court terme la création de 3000 nouveaux emplois dont 1000 permanents, une production annuelle de plus de 5.000 tonnes de fruits et légumes, une génération de 1,5 milliard de chiffre d’affaire. Il est aussi escompté le renforcement de la sécurité alimentaire, une amélioration de l’équilibre de la balance commerciale…

Équation sur les conditions d’accès ?

Les fermes familiales, qui sont appelées à jouer un rôle de tout premier plan dans la modernisation des exploitations agricoles sénégalaises, recoupent parfaitement l’ambition de « réaliser des centaines de microprojets de soutien à l’agriculture familiale », affichée par le Plan Sénégal Emergent (PSE).

Selon l’ANIDA, il s’agit, à partir de la maîtrise de l’eau par la petite hydraulique et l’usage de nouvelles technologies, permettant de s’affranchir de la vulnérabilité, d’améliorer la productivité agricole en intégrant les productions végétales, animales et aquacoles, dans un système mettant à profit les cultures pluviales et de contre – saison.

L’agence en charge de ce programme informe également qu’il est prévu la création de plus de 500 fermes notamment 32 en 2014, 10 sur financement de la Coopération espagnole et six, dans le Cadre du Projet d’Appui à l’Emploi des Jeunes et des Femmes (PAPEJF) et 16 sur le Budget consolidé d’investissement. Les 500 fermes à réaliser sur la période 2015 – 2017 seront faites à raison de 150 par an sur financement du Budget consolidé d’investissement (BCI) et 50 sur financement de la Coopération Espagnole avant fin 2016.

Malgré cette voie de salue tracée pour les jeunes sénégalais à la quête d’un emploi décent et rémunérateur, les autorités devraient travailler à assouplir davantage les conditions d’accès compte tenu du niveau de vie en milieu rural. Le coût d’une Ferme Familiale Naatangue est estimé à 12 millions de F.CFA. « Faramineux !» aux yeux de certains observateurs vue les moyens limités de la plupart de jeunes qui aimeraient s’investir dans l’agriculture.

Pour calmer ces interrogations, l’ANIDA précise que le financement est assuré selon une formule à frais partagés avec deux options possibles. Si la personne ou l’association bénéficiaire dispose d’un Bailleur, ce dernier assure les 50%; l’Etat contribue à hauteur de 20% et le bénéficiaire prend en charge les 20%. Sans Bailleur, le bénéficiaire et l’Etat se partagent la contribution (50% chacun).

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