Il y a quelques mois un député ,qui se vantait d'avoir peu de lettres et peu d'imagination, se proposait de « couper la tête à tous les agresseurs » et, à cet effet, de porter une proposition de loi rétablissant la peine de mort au Sénégal .Sans doute espérait-il ainsi figurer parmi les parlementaires dont l'histoire n'a retenu les noms que parce qu'un jour ils ont servi de porte-valise à des lois scélérates, fomentées au-dessus d'eux et dont ils ne connaissaient ni les motivations profondes ni le pouvoir de nuisance. Ils n'avaient été que des hommes sandwichs complaisants, instrumentalisés, écrasés par le poids d'une charge dont souvent ils ne se relèveront pas. Il y eut ainsi une loi Ezan, une loi Sada Ndiaye, parmi d'autres... Y aura-t-il donc un député pour endosser la casaque d'une loi portant rétablissement de la peine de mort au Sénégal?
Mais, sur un sujet aussi grave que le respect de la vie humaine, il faut distinguer la loi et les symboles et ceux qui votent la loi comme ceux qui sont chargés de l'appliquer doivent savoir qu'ils portent la responsabilité de restaurer une « justice qui tue », avec sa marge de hasard et ses risques de pollution politique. L'honneur du Sénégal c'est de refuser, pour une fois, d'être comparé au Texas, et de revendiquer le privilège de n'avoir connu, en plus de 50 ans d'indépendance, que deux exécutions capitales et qui toutes avaient des fondements politiques. D'ailleurs l'une de ces exécutions punissait non un crime mais une (supposée ?) tentative d'assassinat. Le condamné n'avait pas de sang dans les mains et c'est d'abord à titre d'exemple que la peine de mort fut prononcée. Aujourd'hui encore on s'interroge sur sa culpabilité... On peut donc dire, qu'en 2004, le Sénégal n'a pas aboli la peine de mort mais qu'il a entériné une situation de fait .En bonne logique la prochaine étape devrait être non de rétablir une peine qui a été si rarement mise en usage, mais de ratifier son abolition.
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