L'avortement provoqué n'est légal au Burkina Faso qu'à certaines conditions : sauver la vie de la mère, en cas de viol, d'inceste ou de malformation fœtale sévère. Et pourtant, il se pratique au quotidien. Clandestinement certes, mais dans des proportions inquiétantes. Voyage dans les entrailles du secret.
Elle n'a pas encore soufflé ses 16 bougies, mais elle est déjà passée par la « douleur de l'avortement provoqué», selon ses propres mots. Nous allons l'appeler A.S., un pseudonyme, pour répondre aux exigences du strict anonymat qu'elle a requis avant tout témoignage. A.S. est bien consciente que l'Interruption volontaire de grossesse (IVG) est interdite par la loi (sauf dans certains cas ; voir encadré1) et blâmée par la société burkinabè dans son ensemble. Lorsque nous la rencontrons une matinée de fin avril 2015, cette conscience du caractère répréhensible de l'IVG tranche d'avec la candeur de la jeune fille. D'une taille moyenne, vêtue d'une robe fleurie, les cheveux abandonnés à eux-mêmes, elle raconte sa mésaventure avec une insouciance perceptible tout de go.
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