Comme chacun sait, nous avons changé de paradigme politique, depuis un certain quatorze janvier deux mille onze. Nous avons une nouvelle Constitution qui, à juste titre, fait l'admiration du monde. Elle fonde et encadre notre deuxième République. L'Histoire en mouvement ! En principe, toutes les institutions de l'Etat doivent se mettre au diapason, dans le sens de la marche, pour répondre aux attentes et aux aspirations de la société, qui a tant enduré d'un ancien pouvoir d'autant plus tyrannique qu'oligarchique.
Mais quelques secteurs d'activité, ou institutions, de la société restent, totalement, en marge de l'histoire, par exemple notre ministère de la Culture. Je voudrais bien que quelqu'un me renseigne sur la nature du changement, qualitatif, s'il y en a, de l'action culturelle à l'échelle du pays, en écho au soulèvement du 14 janvier 2011. Le changement se fait toujours attendre. Concrètement, le ministère de la Culture, en fidèle continuateur de la politique culturelle du passé, n'a pas été tenté par l'audace de l'innovation. Les mêmes repères, la même stratégie, les mêmes réflexes, bref la même ambiance qu'avant le soulèvement du 14 janvier 2011, continuent à gérer les affaires culturelles de la nation. Cela consiste en une direction du théâtre, dirigée par d'humbles fonctionnaires bureaucrates, sans imagination, il faut bien le dire; idem pour un service cinéma, un semblant de gestion pour les beaux-arts et, enfin, le défunt Comité culturel national qui avait sévi, sous Ben Ali, pendant de longues années, transformant nos grands festivals culturels d'été... en cafés chantants à ciel ouvert... animés par les cabaretiers de l'Orient et d'ailleurs, et ce, pour le bon plaisir de l'oligarchie régnante.
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