Afrique de l'Ouest: La lenteur des politiques de lutte contre la drogue décriée

15 Octobre 2015

Les Politiques en matière de drogues en Afrique de l'Ouest n'agréent pas les Organisations de la Société Civile (Osc). A la place des méthodes stigmatisantes contre les toxicomanes, elles prônent le déploiement d'un plaidoyer fort sous-régional basé sur la sensibilisation et un engagement politique plus soutenu contre le fléau qui avance à pas de géant.

« Des efforts sont faits dans la lutte contre la drogue en Afrique de l'Ouest mais le train avance très lentement alors que fléau progresse à grand pas ». Le crie du cœur est de Christine Kafando de la Commission ouest-africaine contre la drogue. Elle l'a lancé à l'ouverture, le mardi 13 octobre, du deuxième Atelier des Organisations de la Société Civile sur les Politiques en Matière de Drogues en Afrique de l'Ouest.

Cette rencontre qui prendra fin, le vendredi 16 octobre 2015 à Dakar est organisée par l'Institut de la Société Civile de l'Afrique de l'Ouest (WACSI), la Commission Ouest Africaine sur les Drogues (WACD) et International Drug Policy Consortium (IDPC).

Plus d'une trentaine d'organisations de la société civile venant des 16 pays de l'Afrique de l'Ouest ont ainsi, quatre jours durant, développé leurs capacités sur la question afin de mener des plaidoyers efficaces concernant les politiques en matière de drogues.

Cette interpellation de Mme Kafando peut s'avérer légitime suite au constat des initiateurs de cette rencontre qui font remarquer qu'en Afrique de l'Ouest, « les guerres civiles ont régressé, la démocratie a gagné du terrain et les économies sont florissantes. Mais une nouvelle menace destructrice risque de mettre en péril ces progrès, avec la complicité locale, les cartels internationaux de la drogue constituent cette menace avec leurs effets dévastateurs ». Un rapport de la Commission Ouest-Africaine sur les Drogues d'y ajouter que « la sous-région n'est pas seulement une zone de transit, comme l'imagine plus d'un ».

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Devant cet état de fait, cette représentante du WADC estime que « nos politiques sont très lentes et la société civile n'est pas bien accompagnée dans cette lutte ». Mme Kafando pense que le moment est venu pour les acteurs de se poser les bonnes questions afin d'envisager les bonnes réponses. Un impératif qui, à son avis, « si on ne le fait, on file directement vers la catastrophe ».

Le Directeur Exécutif ONG. JAMRA, M. Bamar Guèye embouche la même trompette. « La réponse est lente par rapport à l'avalanche des drogues », s'est-il écrié.

Dans cette même dynamique consistant à éplucher les politiques publiques de lutte contre la drogue, jusque-là élaborées, Maria Correti Ane de l'IDPC de se désoler du fait que « depuis longtemps, on lutte contre la drogue sans obtenir le résultat voulu ». Pour elle, cette situation exige une approche mondiale avec une participation de tout le monde notamment celle de la société civile. Une interpellation que Mme Ane adresse aux autorités politiques. « Au-delà des moyens, il faut un engagement politique fort pour freiner l'avancée inquiétante des narcotrafiquants », dira-t-elle.

Maria Correti Ane considère qu'il ne suffit plus uniquement de réprimer les consommateurs de drogues mais de sensibiliser les populations sur le danger que constitue la drogue. Sous cet angle, il faut rappeler que les anciens présidents du Nigeria (Olusegun Obasanjo), du Cap-Vert (Pedro Pires) et l'ex secrétaire général des Nations Unies (Kofi Annan) militent pour la décriminalisation ou la dépénalisation de l'usage de la drogue. Ils l'avaient fait savoir dans le premier rapport sur la drogue en Afrique de l'Ouest de la Commission Ouest-Africaine sur les Drogues (WACD), présenté le jeudi 12 juin 2014 à Dakar. Dans leur démarche, ces leaders africains invitent les États à des actions plus intensives contre les grands trafiquants et à traiter la question de la drogue comme un problème de santé publique.

Dans cette même veine, Bamar Guèye parle d'une bonne prévention qui implique les médias, la société civile, la magistrature, la police… Il recommande de mettre un focus sur l'éducation des jeunes. Ce responsable de l'ONG sénégalais Jamra appelle les Etas ouest-africains à harmoniser leurs législations contre la drogue. Entre autres actions urgentes, M. Guèye pense que recherches approfondies devraient être menées. D'avoir des statistiques fiables sur les personnes affectées par la drogue, un élément qu'il juge clé dans la définition des stratégies persuasives contre le fléau.

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