Afrique de l'Ouest: Dividende démographique – Les leaders confessionnels s'engagent

Haliru N Yahaya, Emir du Shonga, Nigéria (à gauche), l'une des figures emblématiques ayant pris par à la Consultation Régionale sur le Dividende Démographique, Dakar du 26 au 27 octobre 2015
28 Octobre 2015

Les pays de l’Afrique de l’Ouest viennent de se doter de plans d’action que devront mettre en œuvre gouvernements et leaders confessionnels pour capter le dividende démographique. Cette décision est la résultante de deux jours d’une consultation régionale des leaders confessionnels sur le dividende démographique et l’accès aux services de santé de la reproduction, tenue les 26 et 27 octobre 2015 à Dakar.

Les leaders confessionnels de l’Afrique de l’Ouest s’engagent pour l’atteinte des objectifs de dividende démographique. Cette décision découle de la Consultation régionale sur le dividende démographique et l’accès aux services de santé de la reproduction, qui s’est tenue les 26 et 27 octobre 2015 à Dakar au Sénégal. Ces assises organisées par le Ministère de la santé et de l’action sociale du Sénégal en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), sont sanctionnées par une déclaration de Dakar qui matérialise la décision de tous les acteurs, notamment les leaders confessionnels. Une déclaration qui marque également l’engagement des ministres de chaque pays ainsi que les experts et acteurs de la société civile.

Comme l’a révélé, le Dr Awa Marie Coll Seck, ministre de la santé du Sénégal, chaque pays a ainsi un plan d’action avec des objectifs clairement définis, un budget détaillé et des échéances à atteindre. Un pas de plus qui, selon elle, marque le début d’un partenariat fécond avec les religieux et chefs coutumiers. Dans un souci d’efficacité et d’harmonisation, il a été décidé que les bureaux de UNFPA vont accompagner chaque pays.

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Une démarche que le ministre sénégalais explique en ces termes : «si nous avons une croissance démographique qui ne s’accompagne pas d’éducation, ni de santé, ni d’emploi, on risque d’avoir une population jeune qui sera dans le désarroi sans vraiment avoir une opportunité de construire le pays, mais également de construire le continent. »

Les ministres de la Santé de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui ont pris part à cette rencontre de Dakar, dont Mme Cadi Seidi de la Guinée Bissau, Thierno Amadou Oumar Hass Diallo du Mali, Madina Rahma de Sierra Léone et Khadidiatou Maikibi Dandobi du Niger ont marqué leur total engagement.

Ce qui fait dire à M. Mabingué Ngom, Directeur Régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest qu’une totale convergence est trouvée entre gouvernements et autorités religieuses ou confessionnelles sur la question du dividende démographique. Devant cet état de fait, M. Ngom pense qu’il y a une nécessité d’accélérer les actions en cours pour parvenir à des résultats féconds. A son avis, dans la mise en œuvre des plans d’actions, il faut que chaque pays identifie les obstacles à lever pour sortir du piège. Avant de se réjouir du fait que les plans d’actions présentés se sont inspirés des leçons apprises et bonnes pratiques présentées lors de cette rencontre de Dakar.

Les choses semblent rentrées dans l’ordre surtout dans un combat comme celui de la planification familiale où les réticences sont assimilées, par les participants de cette consultation de Dakar, à de l’incompréhension. Il s’agira ainsi d’utiliser l’expansion démographique comme atout en investissant sur la santé des femmes, l’éducation des filles, l’emploi des jeunes…

Sur ce dernier aspect, la rencontre de Dakar a circonscrit la nécessité de prendre en compte les préoccupations des jeunes dans les plans d’action à mettre en œuvre. Ce qui est un impératif face à un contexte régional marqué par la montée en puissance des groupes terroristes comme Aqmi au Mali et dans le Sahel, l’État islamique ou ex Boko Haram au Nigéria, Cameroun et Tchad, l’immigration clandestine au Sénégal et dans les pays côtiers.

Les résolutions de Dakar seront démultipliées par les religieux à travers des foras et autres actions sensibilisatrices, le tout avec le soutien des États.

Pour Pr Haliru N Yahaya, Emir du Shonga au Nigéria, la jeunesse africaine doit être réorientée vers des valeurs africaines, des valeurs religieuses car elle est trop phagocytée par les technologies, la téléphonie mobile et autres outils qui les éloignent de leurs vrais repères.
Une position épousée par le Révérend Wiliam Tolbert 3 du Libéria qui appelle à utiliser l’expertise de l’église dans les domaines de la santé, l’éducation, l’insertion sociale pour mieux venir en aider à une jeunesse en déperdition.

Après une meilleure compréhension du dividende démographique, El Hadj Oumar Diène, secrétaire général des imams et oulémas du Sénégal ne doute pas de la réussite de cette mission du moment qu’«on a un nouveau type d’imams intellectuels et capable de lire en les lignes et de s’enquérir de l’évolution des choses ». A son avis, l’islam a été mal comprise dans ce débat pour la problématique de la santé de la reproduction mal posée auprès des autorités religieuses.

Le chemin est ainsi balisé pour une sous-région qui, malgré la forte croissance démographique, a des ambitions de réaliser de fortes croissances économiques. Dans cette phase transitoire qui annonce l’entrée en vigueur des Objectifs de Développement Durable (ODD), la mobilisation est de mise pour prendre les devants et ne pas rater les prochains rendez-vous.

Le ministre de la santé du Sénégal, Mme Awa Marie Call Seck dira : « Si on ne tient pas compte de ce dividende démographique et qu’on ne le prend pas comme un aspect positif que l’Afrique a, on risque de rater les différents rendez-vous. C’est pour cela que nous pensions qu’il était important d’avoir une approche au niveau national, mais également avoir une approche sous-régionale et même continentale». Pour elle, les plans d’actions élaborés sont importants du moment qu’ils vont permettre de renforcer le partenariat et donner aux religieux l’occasion de jouer leur partition dans l’atteinte des objectifs fixés pour le dividende démographique.

Awa Marie Call Seck estime que les gouvernements doivent prendre cette affaire à bras le corps et assure que le chef de l’État du Sénégal, Macky Sall, usera de son statut de président en exercice de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest pour sensibiliser ses pairs sur la nécessité d’investir sur le dividende démographique.

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