« Si la pauvreté persiste en Afrique malgré les efforts, c'est qu'il y a une distribution inégale des ressources » - PNUD

2 Novembre 2015
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

« Si la pauvreté persiste en Afrique malgré les efforts, c'est qu'il y a une distribution inégale des ressources ». Tel est le constat qu'a opéré le sous-secrétaire général de l'ONU et directeur du bureau régional du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour l'Afrique, Abdoulaye Mar Dièye, le 2 novembre 2015, à Kinshasa. C'est en ces termes qu'il a introduit les discussions de la première séance plénière de la session dont il était le modérateur en cette 10e édition de la Conférence économique africaine (AEC), et qui avait pour thème : « Réflexion et perspectives concernant la lutte contre la pauvreté et les inégalités dans le programme de développement post-2015 ».

Le constat d'Abdoulaye Mar Dièye se vérifie sur le terrain : l'Afrique affiche une croissance positive, malgré la crise économique internationale. Cependant, cette croissance ne se traduit pas par une baisse de la pauvreté.

Carlos Lopez, sous-secrétaire général des Nations unies, secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA), était l'un des modérateurs principaux de cette session. Il a suggéré aux pays africains de viser une croissance moyenne de 7 % par an durant plusieurs années. Cette croissance doit être tirée par une industrialisation solide du continent. « Les industries créent de la richesse et des emplois et donc réduisent le chômage », a-t-il expliqué. Ce qui n'est pas forcément le cas pour les industries extractives, qui créent à peine 1 % des emplois formels.

Carlos Lopez a ensuite défendu l'idée selon laquelle, l'Afrique doit produire ses stratégies de développement propres et ses propres analyses de prévisions économiques. A titre d'exemple, il a cité la chute actuelle des cours du baril de pétrole, qui n'a pas forcément le même impact en Afrique qu'ailleurs. « Les économies des pays producteurs de pétrole en Afrique ne se sont pas brutalement écroulées, parce que ces pays ont des réserves qui peuvent tenir encore un an, voire plus. De l'autre côté, les pays africains qui vivent des importations de pétrole payent moins cher et donc disposent de ressources supplémentaires pour investir dans d'autres secteurs », a-t-il démontré, justifiant également l'importance de la Conférence économique africaine.

Steve-Kayizzi Mugerwa, économiste en chef et vice-président de la Banque africaine de développement (BAD), s'est dans ce sens félicité de constater que les partenaires au développement de l'Afrique n'imposent plus des programmes mais ouvrent le dialogue : « Cela permet de mettre en œuvre des programmes consensuels dont l'impact sur les populations est maitrisé ».

Le modèle éthiopien de réduction de la pauvreté et des inégalités a fait l'objet de retours laudatifs des participants, très nombreux aux débats de cette première journée de l'AEC.

Selon Yinager Dessie, ministre éthiopien des Finances, Addis Abeba a fortement investi dans les secteurs agricole et de l'énergie, et dans la création d'écoles dans les zones rurales, où vivent 85 % de la population. L'augmentation des revenus des paysans ainsi que leur instruction a favorisé la création de micros entreprises. Cette chaîne vertueuse a permis de réduire la pauvreté, les inégalités et le chômage. « Nous n'avons pas commencé par investir dans le secteur de la high-tech (techniques de pointe), mais dans le secteur qui concerne la majorité de notre population », a martelé le ministre Yinager Dessie. « Notre pays a ensuite attiré d'importants investissements directs étrangers. Les Chinois, les Turcs, les Italiens, les Français et même les Américains investissent en Ethiopie », a-t-il dit avec fierté.

Le modèle éthiopien permet de réduire le paradoxe entre les « potentialités de l'Afrique et la réalité », a conclu le modérateur de la session, Abdoulaye Mar Dièye. L'économiste en chef de la BAD a, de son côté, suggéré d'augmenter d'au moins 1 % la pression fiscale en Afrique, ce qui permettrait de dépasser le montant actuel de l'aide publique au développement, laquelle s'essouffle.

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