La Pauvreté Et Les Inégalités En Afrique Vues Par Des Jeunes Chercheurs

4 Novembre 2015
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

Quatre jeunes chercheurs africains ont présenté, mardi le 3 novembre 2015, à Kinshasa en République démocratique du Congo, les résultats de leurs recherches sur les impacts sociaux et économiques de la pauvreté et de l'inégalité en Afrique. Ils ont fait cette présentation dans le cadre de la 10ème édition de la Conférence économique africaine (AEC) qui a lieu cette année dans la capitale congolaise du 2 au 4 novembre 2015.

La camerounaise Arlette Simo Fotso a présenté les résultats de ses recherches sur « Handicap de l'enfant et éducation au Cameroun ». Savamment menée, l'étude a démontré comment les enfants handicapés camerounais sont victimes des inégalités sociales et condamnés à vivre dans la pauvreté.

Une étude de 1998 réalisée par l'Organisation internationale du travail (OIT), citée par la jeune camerounaise soutient que 98% d'enfants handicapés dans les pays en développement ne vont pas à l'école. Au Cameroun, 69% d'enfants souffrant d'un handicap accèdent à l'école primaire mais seulement 13% atteignent le second cycle du premier degré, selon le Recensement général de la population camerounaise de 2005.

« Toute entrave à l'éducation créée un coût futur pour l'individu et pour la société dans son ensemble », insiste Arlette Simo Fotso. Son étude établit que les parents et la société sont responsables de la marginalisation coupable des enfants handicapés. Les parents parce qu'ils ne prennent pas toutes les dispositions nécessaires pour assurer la scolarité de ces enfants. La société parce qu'elle ne met pas en place toutes les infrastructures d'accueil nécessaires.

En conclusion, des campagnes de sensibilisation des parents d'enfants handicapés et des investissements publics sont nécessaires pour sortir ces enfants de la marginalisation qui les confine dans la pauvreté chronique.

Les jeunes sénégalais Ahouakan Ehouman et Williams Venance ont également livré les résultats de leurs recherches sur le thème : « La qualité de l'école importe-t-elle ? Caractéristiques des écoles primaires et intensité du travail des enfants au Sénégal ». La recherche a été motivée par un chiffre alarmant publié par l'Agence américaine d'aide au développement (USAID) qui estime à 72% d'enfants sénégalais soumis à des travaux domestiques et économiques. La charge de ces travaux constitue un fardeau trop lourd pour le succès scolaire de ces enfants, selon l'USAID.

Les résultats de l'enquête faite par les deux chercheurs ont révélé que les parents ont détourné leurs enfants du circuit scolaire en raison des différents programmes d'ajustement structurel (PAS) imposés en Afrique par certains bailleurs de fonds dans les années 90. Ces programmes ayant réduit de façon drastique l'accès à l'emploi, les jeunes diplômés sortis des grandes écoles ont gonflé les rangs des chômeurs. Certains parents n'ont donc plus considérés l'école comme un facteur de réussite sociale et ont préféré impliquer leurs enfants dans les activités économiques.

L'étude des deux jeunes sénégalais recommande au gouvernement sénégalais d'améliorer la qualité des structures scolaires, le contenu de la formation et le rapport formation emploi pour reconquérir la confiance perdue des parents d'élèves.

Le camerounais Hyacinthe Kankeu Tchewonpi a, de son côté, travaillé sur le thème : « inégalités socioéconomiques des paiements informels des soins de santé : évaluation de l'hypothèse « Robin des bois » dans 33 pays d'Afrique.

Le jeune chercheur est parvenu à la conclusion selon laquelle, ce sont les populations pauvres qui payent des pots de vin ou un bakchich pour accéder aux soins. Les riches ne s'y soumettent pas parce qu'ils connaissent leurs droits mais aussi parce qu'ils fréquentent les centres de santé huppés.

Les mauvais salaires des personnels de santé, l'absence ou l'insuffisance des médecins, les queues interminables dans les centres de santé, l'absence de médicaments obligent les pauvres à payer pour espérer un traitement de faveur, explique le jeune chercheur.

La solution serait, selon l'étude, de recruter un nombre suffisant d'agents de santé, mieux les payer, rendre disponible les médicaments et généraliser le système d'assurance maladie obligatoire.

Tous ces jeunes ont été contactés et financés par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui a souhaité impliquer les jeunes chercheurs du continent dans la recherche de solutions idoines pour éliminer la pauvreté et les inégalités en Afrique.

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