Le président nigérian, Muhammadu Buhari, ne badine pas avec la corruption. Il avait d'ailleurs fait de ce sujet, un des thèmes de sa campagne pour avoir les suffrages de ses compatriotes en mars dernier. Pour joindre l'acte à la parole, il vient de frapper fort, en démettant de ses fonctions le patron de l'Agence fédérale de lutte contre la corruption, soupçonné de détournement de la bagatelle de 4,65 milliards d'euros soustraits des caisses de l'institution qu'il dirige.
Malgré les dénégations de l'intéressé, le chef de l'Etat s'est montré intraitable sur la question, certainement parce qu'il n'a pas été convaincu par ses explications. En le mettant à la retraite anticipée, Buhari a choisi de le châtier pour l'exemple. Mais Ibrahim Lamorde est-il vraiment coupable des faits qu'on lui reproche ou bien s'est-il laissé piéger ? La question mérite d'être posée, en raison de la manière dont le désormais ex-patron de l'agence anticorruption a secoué le cocotier depuis l'accession de Buhari au pouvoir. Il s'agissait pour Ibrahim Lamorde de réveiller une institution inefficace et moribonde sous l'ancien régime, en traquant sans état d'âme les délinquants à col blanc, même ceux qui étaient tapis dans les hautes sphères de l'Etat ainsi que de hauts responsables politiques et économiques. L'actuel président du Sénat était aussi dans son collimateur.
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