Sénégal: ODD – Ecobank pose le débat sur l'impact des Organisations internationales

4 Décembre 2015

Ecobank Sénégal sort des sentiers battus. Vêtue de son statut de banque panafricaine, la filiale du Groupe ETI, Ecobank, s’est approprié les causes du développement durable. Dans ce contexte d’adoption de l’Agenda post-2015, l’institution financière a provoqué la réflexion ayant indiqué, entre autres, la place que doivent jouer les organisations internationales pour la réduction de la pauvreté à l’horizon 2030.

Les Organisations internationales sont appelées à transférer davantage de compétences et de moyens aux populations à la base dans l’optique de lutter contre la pauvreté. Cette invite a été faite lors du panel de haut niveau qu’Ecobank Sénégal a organisé ce jeudi 3 décembre à Dakar sur le thème : «L’impact des Organisations internationales dans l’atteinte des Objectifs de Développement Durable ».

Cet appel lancé aux organismes découle du bilan plus ou moins mitigé du Sénégal après l’évaluation faite sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). A cela s’ajoute l’ampleur des défis à relever dans le contexte de l’Agenda post-2015 avec l’adoption, par le Système des Nations Unies, des Objectifs de Développement Durable (ODD). Une nouvelle référence qui se donne comme horizon 2030, vise à mettre fin à la pauvreté, à lutter contre les inégalités et l’injustice et à faire face aux changements climatiques. Ceci à travers 17 objectifs adoptés au mois de Septembre 2015.

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Compte tenu des ratés qui ont fait que le pays n’a atteint que la moitié des objectifs, sur les huit des OMD, les organisations internationales intervenant au Sénégal sont invitées à reprofiler leur démarche en associant de plus en plus les populations. Une option qui, selon certains observateurs ayant pris part au panel d’Ecobank Sénégal, va permettre de développer un leadership au sein des communautés. Un élément jugé essentiel pour régler le problème de l’appropriation des projets, aspect primordial pour la survie des projets après le départ des Partenaires Techniques et Financiers (PTF).

Dans cette même veine, il est indiqué le renforcement des efforts en matière de recherche surtout sur le volet agricole pour réduire l’insécurité alimentaire dans les pays les plus vulnérables. Ainsi dans un contexte de rareté des ressources, le Représentant Résident du Fonds Monétaire International (FMI) à Dakar, M. Boileau Loko suggère la priorisation des actions. Une idée renforcée par le Directeur Exécutif du Conseil Ouest Africain pour la Recherche et le Développement (CORAF). M. Paco Sérémé qui invite ainsi les Etats africains à respecter leur engagement de consacrer 10% de leur budget à l’agriculture afin d’atteindre des taux de croissance moyenne de 6% dans ce secteur dont la transformation est le levier sur lequel misent des institutions internationales comme la Banque Africaine de Développement (BAD) ou l’Union Africaine (UA), pour parvenir à une croissance inclusive dans le continent.

Dans ce même ordre d’idées, le Directeur Pays d’Intrahealth Sénégal, M. Babacar Guèye, relève la nécessité de faire du financement une priorité compte tenu des fortes ambitions que dégagent les ODD. Devant cet état de fait, il appelle à mettre un focus sur la mobilisation des ressources domestiques.

Des disparités malgré les croissances notées en Afrique

Malgré les forts taux de croissance enregistrés et attendus en Afrique, le contient, comparé aux régions du monde, présente les disparités les plus fortes ainsi qu’une pauvreté toujours considérable. Un constat qui, selon Boileau Loko du FMI, permet de constater que la croissance est une condition nécessaire au développement mais pas suffisante pour lutter contre la pauvreté. Ces inégalités sont également notées sur le plan des sexes avec des positions inconfortables pour les femmes.

Devant cet état de fait, M. Loko d’inviter les pays à faire des efforts dans tous les domaines pour réduire les inégalités « si on veut avoir une croissance plus forte qui va servir ». Ce que M. Abdou Salam Thiam, Economiste National du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), appelle une croissance qualitative. Selon lui, le problème n’est plus de parvenir à une croissance mais d’en atteindre une qui impacte sur les populations.

M. Thiam suggère ainsi la mobilisation de tous les acteurs en vue du lancement, le 15 décembre prochain de la stratégie nationale sur les ODD mais également sa finalisation en mars 2016.

Dans cette même veine, il est souhaité de travailler à faciliter l’accès des populations aux soins sanitaires, la durabilité des interventions, veiller à une meilleure synergie intersectorielle, renforcer la coordination ou la collaboration entre bailleurs de fonds… Une démarche qui, selon le Directeur Bureau Pays de World Vision international Sénégal, M. Andrew Catford, devrait permettre de faire en sorte que huit millions d’enfants, particulièrement les plus vulnérables, puissent jouir d’un bien-être accru d’ici 2021.

Le Responsable Gouvernance Economique d’Open Society Initiative for West Africa (OSIWA), M. Ibrahima Aïdara, pense qu’il est également important de saisir la dimension des classes moyennes africaines pour leur faire jouer le rôle de contre-pouvoir dans la recherche développement économique et social.

Ecobank montre la voie à suivre

Quelque soit l’«Agenda secret » qui se cache derrière l’organisation de ce panel, le représentant résident, à l’image de tous les participants ont vivement salué cette initiative d’Ecobank. Une démarche qui entre dans le cadre de la responsabilité sociétale de l’entreprise. D’où le choix de poser le débat sur les ODD.

Le Directeur Général d’Ecobank Sénégal, M. Serge Ackré, à l’ouverture des travaux, a estimé que la question des ODD impacte sur le bien-être des populations ainsi que des générations futures. A son avis, « le développement durable trouve sa substance dans la naissance du groupe Ecobank à travers ses 36 filiales », affirme-t-il. Avant d’aviser que la Fondation Ecobank créée en 2002 met le modèle économique de ce groupe bancaire au service des communautés.

C’est dans ce sens que beaucoup d’actions ont été menées en faveur de l’école sénégalaise avec des réfections de bâtiment, des dons de fourniture scolaire…L’un des plus en vue ces dernières années est le projet de bancarisation des étudiants et la fourniture « Un étudiant un ordinateur ».

Compte tenu du succès obtenu au terme de ce coup d’essai, la responsable des Organisations Internationales UEMOA – Ecobank, Mme Soukeyna Kane Wade pense que cette initiative d’Ecobank Sénégal est à étendre dans les autres filiales de la banque. Une manière de revendiquer le droit d’Ecobank de parler de développement vu les relations qu’entretient cette banque panafricaine avec les institutions internationales.

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