Il est temps pour un leadership collectif en Afrique de l'Est

11 Février 2016

Dans un débat de style Davos, les experts qui ont participé à la 20e session du Comité intergouvernemental d'experts (CIE) de l'Afrique de l'Est, co-organisé par la CEA et le Gouvernement du Kenya ont appelé à la fin de la déconnexion entre les dirigeants et les dirigés; et d'investir massivement dans l'éducation.

L'ère du leadership individuel est terminé, et, le leadership collectif est la nouvelle direction à prendre, ont conclu les experts lors d'une table ronde co-organisée par la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) et l'Alliance du Secteur Privé du Kenya (KEPSA) dans le cadre de la 20e session du Comité intergouvernemental d'experts (CIE) de l'Afrique de l'Est.

La table ronde animée par la présentatrice du Kenya Broadcasting Corporation- Julie Gichuru - s'est déroulée sous le thème «Pacte entre les dirigés et dirigeants: vers de nouveaux horizons" avec des contributions des experts de la société civile, de l'académie, du secteur privé ainsi que des représentants des gouvernements de la sous-région.

Les discussions se sont focalisées sur la relation entre les dirigeants et les dirigés, les qualités d'un bon leadership, les droits et responsabilités des dirigeants et les dirigés, ainsi que sur les outils qui permettent une participation dans le leadership.

Selon Antonio Pedro, Directeur du Bureau sous-régional pour l'Afrique de l'Est de la CEA, la relation entre les dirigés et les dirigeants doit être un processus dynamique qui "exige de nouvelles formes d'organisations au-delà du leadership de haut en bas et des formes de gouvernement fortement centralisés auxquels nous sommes habitués

"Il s'agit ici de nouvelles plateformes pour la participation des multiples parties prenantes," a dit Pedro, tout en précisant que, dans le monde d'aujourd'hui, les dirigeants doivent de temps en temps devenir les dirigés à un moment donné, alors que les dirigés deviennent les dirigeants à un autre.

En donnant un exemple concret d'une enquête qui a démontré un décalage entre la vision des dirigeants d'un certain parti politique en Tanzanie et les aspirations de leurs partisans, le Professeur Kitila Mkumbo de l'Université de Dar Es Salaam a noté que «certaines des solutions aux problèmes de la société se trouvent au sein même des dirigés, d'ou la nécessité de leur faire confiance et d'adopter une approche de leadership collectif».

Il a indiqué que, pour éviter cette déconnexion, la voix des citoyens doit être prise en considération dans l'élaboration de la vision politique.

En parlant des qualités d'un dirigeant, deux notions ont polarisés les opinions durant le débat : celles d'un dirigeant visionnaire qui « fouette » ses dirigés dans la direction de leur vision et celle d'un leader éthique qui opère selon les demandes de sa population.

Mais Antonio Pedro de la CEA a rapidement souligné qu'un bon leadership est à la croisée des chemins entre ces deux options et bien plus. Il a noté qu'un dirigeant doit être ouvert aux différences concernant la perception de ce qui possède de la valeur au sein de la population, et doit considérer les points de vue des autres parties prenantes et doivent être attachés à produire des résultats.

Dans ce domaine, la chargé du Dialogue entre Public et Privé au sein de l'Alliance du Secteur Privé Kenyan (KEPSA) - Mme Agatha Juma, a donné cette mise en garde : « On ne peut espérer d'avoir un leadership visionnaire, qu'il soit politique, économique ou au sein de la société civile, si en tant que société, nous n'épousons pas les valeurs que nous voulons voir en eux. »

Concernant les droits et les responsabilités des dirigeants et des dirigés, les panélistes ont tous relevés la nécessité pour un leadership collectif. Dr Grace Maingi d'URAIA Trust Kenya a indiqué que, bien que ce soit la responsabilité des gouvernements fédéraux et locaux, la société civile et le secteur privé de pourvoir une éducation qui doit motiver la participation des citoyens dans les processus de décision, c'est aussi la responsabilité des citoyens d'engager les dirigeants dans des dialogues sur les politiques qui pourraient en améliorer la réalisation.

Ainsi, « l'éducation est l'unique principal instrument pour l'engagement », conclut le Prof Mkumbo, qui a regretté le fait que moins de dix pourcent de la population de l'Afrique de l'Est possède des diplômes d'études supérieures.

« Sans une éducation convenable, les citoyens auront difficultés à comprendre les questions liées à la gouvernance et à impliquer les dirigeants de manière bénéfique » a t-il souligné.

Les gouvernements de la sous-région ont par conséquent été appelés à investir massivement dans leurs ressources humaines.

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