Afrique: Mabingué Ngom, Directeur Régional de l'UNFPA – « C'est en investissant dans la jeunesse que nous pouvons espérer être présents au rendez-vous de 2030 »

15 Février 2016
interview

La 7ème Conférence africaine sur les droits de la santé sexuelle et reproductive qui s'est tenue à Accra, a vécu.

(Envoyé Spécial - La capitale ghanéenne marque le début d'une dynamique pour l'opérationnalisation des projets et programmes envisagés en vue de la réalisation du Dividende Démographique en Afrique. Les jeunes ont clairement exprimé leur vision pour l'avenir. Le Directeur Régional de l'UNFPA pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, M. Mabingué Ngom a tiré un bilan satisfaisant qui laisse entrevoir un futur prometteur. Un brin d'optimisme justifié par le leadership politique fort magnifié par l'engagement du président de la République du Ghana, Dr John Dramani Mahama mais aussi d'une vision cohérente du Dr Babatunde Osotimehin, Directeur exécutif de l'UNFPA, par ailleurs, Sous-secrétaire général des Nations Unies.

Quel est le bilan que vous pouvez tirer au terme de la 7ème Conférence africaine sur la santé sur les droits de la santé sexuelle (ACSHR) ?

Nous venons de passer trois jours à Accra, la capitale ghanéenne à l'occasion de la 7ème Conférence Africaine sur la santé sexuelle et la reproduction qui est une véritable réussite. Je crois que le message principal c'est que l'Afrique est en train de changer. C'est en investissant dans la jeunesse, en répondant aux besoins de la jeunesse, en donnant un intérêt particulier aux aspirations des jeunes qui sont vraiment la richesse de ce continent que nous pouvons espérer être présents au rendez-vous de 2030 mais également donner un contenu à notre Agenda de 2063.

J'ai été particulièrement impressionné, pendant ces trois jours, par les progrès qui ont été réalisés mais également par la clarté avec laquelle, les jeunes, d'une voix, ont exprimé leur vision pour l'avenir. Ils ont exprimé leur besoin en termes d'informations notamment sur les questions les plus importantes pour leur avenir. Ils ont également parlé en terme de besoin pour les services d'une manière variée et au centre desquels figure l'accès aux soins de santé, à l'éducation, la formation mais également l'accès à des opportunités pour que cette jeunesse africaine puisse contribuer à l'avenir du continent.

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L'autre aspect de cette conférence est le leadership fort que j'ai senti au niveau des dirigeants du continent en particulier les épouses des présidents qui étaient avec nous à Accra. Elles ont partagé leur engagement mais également les actions en cours au niveau des pays de la région Afrique pour accompagner la jeunesse, accompagner les efforts du Fonds des Nations Unies pour la population et des partenaires qui travaillent avec nous sur des questions relatives au Dividende Démographique, à l'Agenda des jeunes de façon générale.

Comment opérationnaliser cette dynamique suscitée par la rencontre d'Accra en vue de réaliser le Dividende Démographique en Afrique ?

Il faut absolument des partenariats multiformes. Des partenariats qui sont à bâtir autour des expériences qui sont porteuses. Aujourd'hui, nous avons beaucoup de bonnes expériences porteuses, documentées à travers d'évaluations assez solides donc basées sur des évidences. C'est une façon d'optimiser les ressources maigres pour aller de l'avant.

Aujourd'hui, nous avons un environnement favorable dans certains pays. Nous avons un leadership fort. Nous avons une vision de l'avenir assez claire. Je crois que ce qu'il nous faut maintenant c'est de travailler ensemble, de faire en sorte que les pistes qui sont identifiées par les populations que nous essayons d'assister soient celles à suivre, et que nous suivons les autorités nationales, les populations locales avec qui nous travaillons. Nous apportons par la suite notre aide de la manière la plus efficace. Dans ce contexte, la presse a un rôle important à jouer. Son travail qui a été noté durant la conférence doit être sa contribution de tous les jours.

La 27ème Session des chefs d'Etats de l'Union Africaine sera consacrée au Dividende Démographique. En tant qu'acteur défendant tous les jours ce concept, qu'est ce que vous pouvez attendre de cette rencontre en termes de grandes décisions ?

L'Union Africaine vient de prendre la décision, il y a quelques jours à Addis-Abeba, que le Sommet de 2017 portera sur le Dividende Démographique. C'est un jalon important qui a été posé par les Chefs d'Etat. Donc le vin est tiré, il faut le boire. Nous avons également d'autres acquis parce que si on regarde l'Agenda 2030, la question du Dividende Démographique est très bien positionnée. Si vous regardez l'Agenda 2063, c'est le même constat. On part d'une interrelation entre les documents de politique.

Du niveau global, on descend en Afrique, donc dans l'Agenda 2063 on y est et nous sommes également au niveau beaucoup plus détaillé. Les Chefs d'Etat disent : « écoutez, nous ne voulons pas seulement parler de Dividende démographique. Nous disons que c'est notre priorité en Afrique. Aussi, dans notre programme de 2017 nous voulons pousser le dossier au plus profond. Je crois que le processus est très bien enclenché et c'est une reconnaissance par les Chefs d'Etat que l'avenir de l'Afrique se jouera par le Dividende Démographique.

Maintenant, il faut qu'après 2017, que nous puissions avoir une feuille de route pour chaque pays. Que nous puissions avoir un programme d'investissement conséquent pour chaque pays. Ce qui ne sera pas le même mais chaque pays devra s'attaquer à quelques secteurs qui vont lui permettre de tirer profit pleinement du Dividende Démographique et faire de sorte que l'Afrique puisse être au rendez-vous de 2030.

La visite du Dr Babatunde a été également une occasion pour remobiliser vos troupes ?

A l'occasion de cette visite du Dr Babatunde Osotimehin, Sous-Secrétaire général des Nations Unies et Directeur exécutif de l'UNFPA, nous avons saisi cette opportunité pour rendre un hommage particulier à nos collègues qui sont sur le terrain en particulier ceux du bureau de l'UNFPA d'Accra, je pense, qui fait un travail extraordinaire. J'ai également saisi l'occasion pour rendre visite à l'ensemble du Système des Nations-Unies notamment l'équipe des directeurs régionaux. Au niveau de cette équipe, je suis la personne à qui on a confié un rôle de suivi d'un certain nombre de pays y compris le Ghana.

Donc j'en ai profité pour rencontrer nos collègues du système des Nations-Unies avec qui nous avons eu des discussions très intéressantes en présence du Directeur Exécutif de l'UNFPA, du Directeur adjoint de l'ONUSIDA. Il y eu également nos collègues de l'UNICEF, du PNUD, du FIDA, de la FAO… On avait une bonne partie des 26 agences qui font un peu la force du système des Nations Unies. Le message est clair c'est de voir ce que nous pouvons faire pour appuyer la qualité de notre appui aux populations ghanéenne. La deuxième chose c'est comment nous engagé dans le processus en cours pour soutenir un peu leur Agenda à moyen et long terme parce que le Ghana s'est lancé dans un exercice de prospective qui est un effort consistant à répondre à la question quelle genre de société les Ghanéens aspirent à l'horizon de deux générations. J'ai encouragé tous mes collègues à travailler ensemble et à apporter leur soutien à la construction de ce Ghana dans 40 ans.

Nous avons également discuté c'est comment nous pouvons renforcer le partenariat en dehors du Système des Nations Unies. Déjà, nous travaillons très bien ensemble. Nous sommes très bien organisés pour aller dans la même direction mais nous pensons que ce n'est pas suffisant. Il nous faut faire venir les autres acteurs au développement pour que nous puissions renforcer les rangs de tous ceux qui travaillent pour appuyer le projet de société, l'agenda de développement du Ghana. Nous pensons au secteur privé qui est un maillon important de la chaine. Nous pensons aux organisations communautaires sans lesquels nous ne pouvons pas accomplir un progrès durable.

Nous pensons également aux aspects tels que les Parlementaires avec qui nous avons eu un entretien assez dynamique. C'était une visite mais également une opportunité pour célébrer les progrès que nous avons réalisé ensemble mais également d'avoir un dialogue, d'écouter les jeunes et de nous organiser pour apporter un appui plus fort à la construction d'une Afrique meilleure.

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