L'évènement est suffisamment rare pour être souligné. Pour une fois, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) jette des fleurs à son frère ennemi, le gouvernement malien. Ce changement de ton tranche avec la rhétorique guerrière entretenue par les philippiques que se jettent habituellement les deux camps. La question que l'on peut se poser est la suivante : que cache cette volte-face contemplative de la CMA ?
En fait, on ne le sait que trop bien. L'attitude laudative de la CMA traduit toute sa satisfaction d'avoir raflé la mise dans la nomination des membres des autorités intérimaires, conformément à l'accord d'Alger. Elle s'est taillé la part du lion dans les postes stratégiques et cela vaut bien de brûler une poignée d'encens pour les autorités de Bamako, même si l'heure n'est pas encore au partage du thé sous la même tente. La contemplation vis-à-vis du gouvernement malien, est d'autant plus utile qu'elle semble intéressée : elle constitue en même temps un appel à l'endroit de l'Exécutif malien à mettre à la disposition des nouvelles autorités, le maximum de moyens nécessaires dans l'exercice de leurs fonctions. Et il sera difficile pour Bamako de s'y dérober après avoir casqué, au titre de la coopération internationale, un énorme magot destiné à la décentralisation et à la reconstruction nationale. Et c'est bien là le piège pour Bamako qui pourrait se retrouver à financer des mouvements rebelles qui n'ont jamais renoncé d'un iota, à leurs velléités indépendantistes.
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