Dans le cadre des communications du colloque international du cinquantenaire du premier Festival mondial des arts nègres, l'expert de la Francophonie, Jean René Bourrel, a passé au peigne fin la participation remarquable du ministre de la Culture française d'alors André Malraux. Pourtant le discours historique de celui que Senghor considérait comme « qui celui a compris le mieux compris l'art nègre parmi les européenne» va nourrir des controverses.
Avril 1966. Le Sénégal a l'honneur, à travers le Festival mondial des arts nègres, sous l'impulsion du président Senghor, de regrouper en pleine guerre froide toute la crème de l'intelligentsia du monde noire. La manifestation organisée par l'Etat sénégalais et la Société africaine de culture nourrit un élan populaire considérable. Défilés, expositions, spectacles de rue, conférences... rythment le quotidien des habitants de la capitale sénégalaise. Partout l'engouement est perceptible. Mais l'un des événements phares du premier Fesman est la participation du ministre français de la Culture de l'époque, en l'occurrence l'éminent écrivain André Malraux. Ce dernier est invité par le président Senghor à ouvrir cette grande fête de la culture faisant en même temps « les Etats généraux de la culture Négritude ». Pour l'expert de la Francophonie, Jean René Bourrel, l'ami personnel de longue date du «poète-président » sénégalais jouit d'un prestige qui légitime qu'il soit invité d'honneur du Festival. Anticolonialiste, André Malraux, explique-t-il, était considéré par Senghor comme « celui qui a le mieux compris nègre parmi les Européens ». Voilà tout l'intérêt qui se cachait derrière cette invitation d'honneur. D'après Jean Bourrel, qui a animé une communication sur le thème « Malraux, « hôte de passage » du Sénégal lors du premier Festival mondial des arts nègres », l'événement donnait au ministre de la Culture française l'opportunité d'une redécouverte et d'une célébration des arts nègres. « La visite privée du Musée dynamique, le 30 mars au matin, est en effet pour lui une véritable « illumination » (... ) Le discours d'ouverture du colloque inaugural qu'il prononce l'après-midi du même jour consacre ensuite l'entrée définitive de l'art négro-africain dans le « Musée imaginaire » du patrimoine artistique mondial et, dans le même temps, la Négritude senghorienne elle-même », laisse-t-il entendre. Malraux effectuera ensuite des visites et inaugurations officielles dont deux donneront l'occasion d'une véritable découverte. Il s'agit, souligne l'expert, de la rencontre avec les jeunes plasticiens sénégalais et celle de la peinture haïtienne. L'autre découverte fabuleuse de l'écrivain français durant son séjour au Sénégal a été sa visite à la « reine Sebeth » en Casamance.
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