L'idée du Musée des civilisations noires, aujourd'hui en voie de concrétisation, devait à l'origine, souligne Pr Hamady Bocoum de l'Ifan, se poser comme une continuation du premier Festival mondial des arts nègres de 1966.
Il s'agissait, au départ, d'un outil d'enracinement et d'ouverture qui devait regrouper tout ce que le monde noir a rassemblé comme éléments de civilisation, de culture et d'identité. C'était aussi une façon de reconstituer les différentes séquences de l'histoire des noires et de montrer leur contribution au patrimoine de l'universel. Pour M. Bocoum, le Musée des civilisations noires est avant tout l'expression d'un besoin propre au contexte historique précis. Ce faisant, poursuit-il, son origine s'ancre dans les racines idéologiques de la Négritude face à une dévalorisation des héritages, historiques, technologiques et culturels des civilisations noires. « A l'époque, devant les constructions théoriques qui définissaient des catégories raciales bientôt obsolètes, les stratégies communes transcontinentales prenaient forme à l'intérieur des grandes rencontres panafricaines parmi lesquelles la Conférence panafricaine de Londres (23-25 juillet 1900), le Congrès panafricain de Manchester (15-21 octobre 1945) et la Conférence d'Accra (15-22 avril 1958) », souligne-t-il. Pour l'historien, « il a été conçu dans l'esprit de défense, d'illustration et de compréhension du sens des valeurs de civilisation du monde noir et pour appliquer concrètement l'option de l'option fondamentale prise par le Sénégal de ne pas considérer le « développement » comme la recherche exclusive de l'accroissement du revenu per capita ».
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