Que la France se soit fourvoyée en Afrique ces dix dernières années ne fait pas le moindre doute et n'est d'ailleurs plus nié, en privé du moins, par ceux-là même qui avaient pour mission de maintenir des relations de confiance avec l'ancien empire construit tout au long du dix-neuvième siècle. Mais peut-on conclure de cette prise de conscience tardive que les lignes vont enfin bouger dans le bon sens au cours des prochaines années ? Evidemment non, sauf bien sûr si l'homme qui sera porté dans quelques mois à la tête de l'Etat français affiche clairement et dès maintenant sa volonté d'inscrire le devenir du continent au cœur de sa politique extérieure.
Reconnaissons que dans le moment présent rien ne laisse prévoir une semblable évolution. Engluée dans les querelles internes qui la déchirent et s'aggravent de jour en jour la gauche au pouvoir n'accorde pas la moindre importance à un continent qui, pourtant, est désormais le plus courtisé de la planète par les grandes puissances. Quant à la droite, qui vient de démontrer à la faveur des Primaires tout à la fois son assise populaire et sa volonté de cohésion, rien n'indique, pour le moment du moins, que ses leaders aient réellement conscience de l'enjeu que constitue l'Afrique pour la France sur le plan diplomatique, économique, financier, culturel.
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