Afrique de l'Ouest: L'anti-héros

19 Janvier 2017

La Cedeao est sur le point d'exercer un droit d'ingérence en Gambie pour le respect du choix souverain exprimé par la majorité des électeurs lors d'un scrutin libre et démocratique. La diplomatie sous-régionale et internationale a épuisé toutes ses capacités de négociation avec, entre autres mesures, le Parlement nigérian qui a voté une motion encourageant le gouvernement Buhari à offrir à Jammeh l'asile et le royaume du Maroc qui continue à lui proposer un exil royal, au moment où tout l'édifice institutionnel gambien s'effondre par pans entiers. Il a été abandonné successivement par le président de la Commission électorale, des ministres, des ambassadeurs, des juges et, le clou, le président de la Cour suprême qui se rétracte, refusant de bloquer l'investiture d'Adama Barrow à la veille de la fin de mandat de Yahya Jammeh.

Rien n'est parvenu à dissuader le soldat, marabout-charlatan de Banjul. Jammeh cherche plutôt à se poser en martyr. C'est, sans doute, ne pas trop avoir le sens des réalités, car il ne saurait y avoir d' héroisme dans le jusqu'au-boutisme pour un chef d'Etat parmi tant d'autres à travers le monde trainant un actif et un passif à assumer devant les hommes et surtout devant l'Histoire. Pour le cas Jammeh, beaucoup est à mettre à son actif dans ce petit pays qui ne dispose d'aucune ressource minière, énergétique ou agricole. Bilan obtenu avec un passif lourd en matière de respect des droits de l'Homme. Avoir félicité, dans un premier temps, son vainqueur l'a grandi et aurait, sans doute, contribué à atténuer le jugement sur le non-respect des droits humains de son régime. Par ailleurs, il est resté dans la légalité constitutionnelle en déposant un recours pour un nouveau décompte du scrutin. Mais, ce qui a trahi ses intentions, c'est d'avoir empiété sur les prérogatives de la Cour suprême en demandant de nouvelles élections, puis des négociations qui auraient comme effet immédiat de lui permettre de garder le pouvoir et lâcher un peu de lest, le temps de se réajuster pour consolider son pouvoir.

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